C’était une commande de Patrick Kanner : le Conseil national des villes (CNV) a remis, le 19 juillet dernier, au ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports – et à la secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville, Hélène Geoffroy – un avis sur la prévention de la radicalisation dans les quartiers(1). Le ministre avait plus précisément demandé à l’instance d’examiner l’élaboration et les modalités de mise en œuvre des plans d’actions sur le sujet, qui doivent figurer en annexe de chaque contrat de ville d’ici à la fin de l’année. Le CNV a décidé de répondre à cette commande en deux temps : d’abord en présentant, dans l’avis dévoilé cet été, les mesures qu’il juge « incontournables » et qui doivent être, pour lui, prioritairement intégrées aux plans locaux en cours d’élaboration dans les villes. Par la suite, « en octobre-novembre 2016 », il formulera des préconisations pour une application optimale de ces mesures, après un examen des conditions de leur mise en œuvre dans une dizaine de sites.
Le Conseil national des villes a identifié quatre axes « incontournables dans l’élaboration des plans d’actions locaux de prévention de la radicalisation » :
→ l’éducation des enfants (il s’agit notamment de renforcer les liens entre les familles et l’Education nationale) ;
→ la formation – notamment au repérage des conduites radicales – des « acteurs de premier rang » (éducateurs de prévention, travailleurs sociaux des collectivités et des caisses d’allocations familiales, animateurs, adultes-relais, jeunes en service civique, enseignants, personnels pénitentiaires, élus…). « Former pour “ré-assurer” l’ensemble des professionnels au contact des jeunes et des familles est un enjeu majeur et doit être pris en compte par les services de ressources humaines de toutes les instances institutionnelles et associatives comme une priorité », écrit le Conseil national des villes. Au-delà des formations elles-mêmes, l’instance juge indispensable d’aménager des temps d’échanges réguliers entre professionnels d’une même structure pour confronter les points de vue et définir concrètement un langage et des attitudes communes cohérentes. L’ensemble des acteurs fédérés au sein des contrats de ville devraient par ailleurs, pour le conseil, être incités à échanger régulièrement sur le sujet et construire localement leur propre référentiel ;
→ le renforcement des liens entre les parents et les enfants. Le CNV recommande à cet égard que soient soutenues prioritairement toutes les actions de médiation permettant de faciliter le lien, le contact et le dialogue entre les parents et les enfants ;
→ le renforcement de la « présence sociale » dans les quartiers. « Paradoxalement au vu des enjeux, l’offre républicaine [dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville], pourtant conséquente en termes de dispositifs, s’amenuise », laissant le champ libre à une « autre offre », celle d’organisations communautaires souvent prosélytes. Et ce, « le soir, le week-end, ou lors des vacances scolaires », alerte le CNV, déplorant en particulier la baisse des moyens attribués à la prévention spécialisée. L’instance préconise notamment que « l’ensemble des actions portées par les travailleurs éducatifs et sociaux (éducateurs, animateurs culturels, sportifs et sociaux, bibliothécaires, etc.) se déploient en proximité, dans et hors les murs, en soirée, le week-end, pendant les congés scolaires (notamment en août où leur désertification est prégnante) et lors de moments stratégiques ». « L’occupation de l’espace public est un enjeu majeur », insiste-t-elle.
(1) Avis du 22 juin 2016, disponible sur