Onze ans. C’est l’âge d’Iyad, petit Syrien originaire du Golan et arrivé à Calais seul. Ses parents sont réfugiés au Liban. Un oncle l’attendrait en Angleterre et l’enfant cherche donc à passer. C’est le plus jeune mineur isolé que Laurence Geai a photographié au cours de son enquête réalisée dans le bidonville calaisien auprès de jeunes non accompagnés décidés à rejoindre l’Angleterre. Entre février et mai dernier, elle a suivi sept d’entre eux – Ahmed, Mirzal, Iyad, Bahman, Anouar, Zaher et Sufyan –, venus de Syrie, mais aussi d’Egypte, d’Afghanistan, du Pakistan ou du Soudan. Ils vivent dans des conditions indignes (manque de nourriture et d’accès à l’eau, déscolarisation), à la merci des adultes et surtout des passeurs. Ils occupent une cabane ou un conteneur depuis trois, quatre, voire neuf mois pour certains. Réalisé grâce au soutien de l’Unicef et de la Fondation EDF, ce reportage intitulé Ni sains, ni saufs les montre se reposer, s’amuser, tenter de se réchauffer auprès d’un feu de fortune ou, tout simplement, errer et attendre dans la « jungle ». Sufyan, 15 ans, a quitté le Pakistan parce que son beau-père, taliban, voulait se servir de lui dans une attaque suicide ; Ahmed, Soudanais de 16 ans, a laissé ses parents restés au Darfour ; Zaher, Syrien, tente, tous les soirs depuis cinq mois, de se cacher dans les remorques des camions qui partent pour la Grande-Bretagne – les blessures dues à ses tentatives infructueuses sont nombreuses… Les photographies nous engagent à reconnaître la rudesse de l’existence de ces enfants, les risques qu’ils encourent et l’urgence à leur venir en aide. Elles nous rappellent que ce sont avant tout des enfants, qui doivent être protégés.
Ni sains, ni saufs
Photographies de Laurence Geai – Jusqu’au 18 septembre, à l’Espace Fondation EDF – 6, rue Récamier, Paris XVIIe