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La CNAPE invite à donner plus de lisibilité à la prévention spécialisée

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« Avec la réduction des équipes de prévention spécialisée, nombreux sont les jeunes qui risquent d’être laissés de côté et qui, par la suite, nécessiteront un accompagnement plus lourd dans le cadre de mesures d’assistance éducative, de placement, voire de protection judiciaire de la jeunesse. » Ce sont donc des coupes budgétaires de courte vue qu’a pointées la Convention nationale des associations de protection de l’enfant (CNAPE) au cours de son audition, le 29 juin, par la mission d’information de l’Assemblée nationale sur l’avenir de la prévention spécialisée, présidée par le député Denis Jacquat (LR, Moselle), et dont la rapporteure est la députée Kheira Bouziane-Laroussi (PS, Côte-d’Or).

Dans le document qui a servi de base à cet échange, la CNAPE atteste que « la prévention spécialisée est mise à mal dans bon nombre de territoires ». Les crédits affectés à cette politique par les conseils départementaux sont parfois réduits de moitié – et ceux « restants ne sont dévolus qu’aux seuls quartiers prioritaires de la politique de la ville » – quand ils ne sont pas totalement supprimés. La CNAPE précise que « 50 % des associations relèvent une baisse de financement, d’autres une stagnation des budgets pour l’année 2016 ». Une situation qui « interroge les services quant à la pérennité des équipes de prévention (– 50 % des effectifs dans certains territoires), voire même de leur existence (dans certains territoires, il ne reste qu’un seul éducateur) ». Outre les crédits des conseils départementaux, ceux des communes « ont également tendance à se réduire », constate la CNAPE.

Autre sujet de préoccupation : la prévention spécialisée fait partie des compétences départementales devant être transférées aux métropoles d’ici au 1er janvier 2017, selon la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République. A part quelques annonces, « à ce jour, il n’existe aucune visibilité sur les transferts et la répartition des compétences concernant la prévention spécialisée », souligne la fédération. Mais les services s’inquiètent de « l’abandon a priori par ces nouvelles collectivités des missions relatives à la protection de l’enfance, cette compétence restant dévolue au département. Il est donc nécessaire qu’une réflexion sur les missions de la prévention spécialisée et sur l’articulation entre les départements et les métropoles soit menée en amont. »

La CNAPE relève par ailleurs un rajeunissement des publics accompagnés, « résultant de la commande des conseils départementaux (généralement 11-15 ans, voire dès 6 ans dans certains territoires) », au détriment de la tranche d’âge des 18-25 ans. Elle fait état de « situations individuelles de plus en plus difficiles » – extrême précarité, pathologies psychiatriques, refus d’accompagnement, accentuation des phénomènes de violence – et des enjeux liés à la laïcité, à la gestion du fait religieux et à la mixité qui traversent le secteur. Si la prévention spécialisée contribue à la prévention de la délinquance et à la lutte contre la radicalisation, les actions nécessaires dans ce domaine ne doivent « pas être exclusives au risque de dévoyer l’action de la prévention spécialisée et d’oublier une partie du public qu’elle accompagne », plaide la CNAPE.

Au-delà de l’aide à apporter aux professionnels, notamment par la formation sur les questions du fait religieux, des phénomènes d’emprise mentale et de radicalisation, « un autre besoin essentiel remonte du terrain : réagir au malaise identitaire des jeunes qui est sous-jacent », poursuit-elle. Selon la fédération, la prévention de la radicalisation « ne doit pas se limiter à des actions en direction des jeunes, elle doit également développer des interventions en direction des familles », souvent en attente de réponse « face à une situation qu’elles ne maîtrisent pas ». Défendant plus largement « l’impact social » de la prévention spécialisée – mais comment « évaluer ce que l’on a pu éviter ? » –, elle propose un « travail de pédagogie et d’explicitation de son action auprès des décideurs publics pour lui donner plus de lisibilité ».

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