Même si les usagers sont libres de leurs mouvements, le personnel des ESMS doit faire preuve de vigilance pour éviter les errances et les protéger de nombreux dangers. Dans les EHPAD, entre autres, des personnes âgées désorientées peuvent « fuguer » ou chuter. Ainsi, en février dernier, à Vourey (Isère), un octogénaire est mort de froid après avoir quitté subrepticement la maison de retraite Val-Marie et avoir passé la nuit dehors… De très nombreux prestataires proposent des appareils qui intègrent des fonctions de localisation et de contrôle tout en assurant le confort et la mobilité des résidents. Il existe, dans ce créneau, des médaillons sans fil et autres systèmes connectés (Telecom Design, Zembro, Assistel, Co-assist…) ou encore des étiquettes de radiofréquence (notamment Evit’Errance ou Sol-Secure) qui alertent les équipes si la personne sort d’un périmètre déterminé. Depuis dix ans, tous les résidents de La Roselière, à Kunheim (Haut-Rhin), portent à leur poignet des montres Vivago. « Avant, nous avions de nombreuses fugues. Depuis, plus du tout », souligne Robert Kohler, directeur de cet EHPAD de 127 places, satisfait d’un système qui, certes, « peut donner l’impression de limiter la liberté d’aller et venir, mais dont le bénéfice est tel qu’il est compris et accepté par les résidents et leurs familles ». La solution qu’il a choisie se présente sous forme d’un bracelet-émetteur étanche qui, en plus de donner l’heure, est muni d’un système GPS permettant de localiser la personne âgée dans et à proximité de la structure, mais aussi d’enregistrer en continu ses données physiologiques (rythme circadien, température). « Les équipes peuvent intervenir rapidement, surtout la nuit, en cas de malaise ou d’AVC », précise le directeur. Pour cinq des résidents, la montre a été programmée (sur prescription médicale) pour le contrôle d’accès : elle ne leur permet pas de sortir seuls ou d’accéder à certaines zones prédéfinies.
Aux Boutons d’Or, à L’Aiguillon-sur-Vie (Vendée), la directrice Stéphanie Grillard explique : « Un seul de nos 36 résidents déambule. Il était équipé auparavant d’une “ceinture GPS”, mais je trouvais cela trop stigmatisant et peu adapté aux personnes âgées. Sur les conseils d’un autre directeur, j’ai investi dans une montre Kéruvé. Elle vient avec une tablette de géolocalisation très précise d’une portée de 200 m, ce qui permet de le retrouver s’il s’égare dans le village. » Egalement sous surveillance, l’entrée de l’établissement est munie d’un code d’entrée. « Cela ne limite pas la liberté de l’usager, qui peut sortir accompagné d’un professionnel, mais cela sécurise sa liberté », pointe la directrice, qui rappelle néanmoins à ses équipes que « rien ne remplace la vigilance humaine ».
Mieux doté en personnel, le secteur du handicap préfère généralement s’appuyer sur les équipes. Directeur adjoint de la maison d’accueil spécialisée de Noiseau (Val-de-Marne), Hadiatou Ndiaye s’est renseigné sur les montres GPS, sans franchir le pas. « Sur 40 résidents, quelques-uns déambulent, et nous craignons qu’ils sortent et se perdent dans la forêt voisine. On nous a présenté des modèles, mais avant de nous décider à approuver cette démarche, nous devons aller au bout de notre réflexion éthique – en référer aux tuteurs, consulter le personnel et organiser une réunion clinique. »
7 % des EHPAD qui accueillent des malades d’Alzheimer sont équipés de dispositifs de géolocalisation, et 16 % de vidéosurveillance.
Source : Fondation Médéric Alzheimer (sept. 2015)
Le foyer d’accueil médicalisé Lucien-Robert (22 places), à Recoules-Prévinquières (Aveyron), a envisagé d’équiper d’une montre-bracelet GPS l’un de ses usagers. Atteint du syndrome de Prader-Willy, celui-ci avait tendance à rentrer dans les chambres des autres résidents et à dérober des objets. « Ne pouvant pas l’enfermer dans sa chambre, nous nous sommes dit que le système utilisé dans les maisons de retraite pouvait être adapté, explique Vincent Nomandin, chef de service. L’équipe s’est documentée, mais les recherches n’ont pas abouti, et au final nous avons opté pour l’installation d’une “sirène” qui se déclenche quand la personne tente de sortir de sa chambre. Elle comprend ainsi que ça lui est interdit et – pour le moment – respecte cette interdiction. » Attention, précise toutefois Vincent Nomandin : « Cette alarme n’est activée manuellement par les professionnels qu’à un certain moment de la journée où le résident est seul dans sa chambre. Le reste du temps, nous favorisons l’accompagnement individualisé. »