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Addictions : des propositions pour mieux prendre en charge le public féminin

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La Fédération addiction vient de publier un guide visant à soutenir les professionnels des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) et des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (Caarud) dans l’amélioration de « l’accueil et [de] l’accompagnement qu’ils réalisent auprès des femmes » et à aider ces mêmes professionnels à sensibiliser leurs partenaires à cette question(1). En effet, « historiquement, les centres d’accompagnement des personnes présentant des conduites addictives sont beaucoup plus fréquentés par les hommes que par les femmes », rappelle la fédération. Conséquence : la clinique des addictions qui s’est développée dans ces structures « a été plus influencée par les situations masculines que féminines » alors que « la recherche sur l’addiction au prisme du sexe montre clairement des différences entre les hommes et les femmes », que ce soit en termes d’usages, de vécus, de risques, mais également d’approches dans la prise en charge.

Cumul des vulnérabilités

Des spécificités qui sont également soulignées dans l’état des lieux présenté dans le rapport. Si les femmes sont minoritaires dans la plupart des files actives des CSAPA et des Caarud, leurs usages nocifs et leurs dépendances semblent en revanche « plus problématiques » (difficultés accrues d’accès aux soins dans les contextes de précarité, plus de consommations en automédication…). Leurs motivations d’entrée en traitement diffèrent également de celles des hommes : une « pression extérieure » ou la peur de la maladie guident plus fréquemment cesderniers, alors que le souci des enfants, la honte de leurs consommations ou l’orientation par des services médicaux sont plus souvent présents chez les femmes. Autres constats : les femmes rencontrées par les CSAPA et les Caarud « ont tendance à cumuler les vulnérabilités » (économique, sociale, affective, psychique…) et les centres développent encore peu d’actions spécifiques, à l’exception d’actions orientées vers la gynécologie et la sexualité.

Les auteurs ont travaillé selon une démarche participative qui a permis de recueillir le point de vue de femmes, de chercheurs et de professionnels. Pour ces derniers, ils se sont appuyés en particulier sur des groupes d’échanges et d’entretiens organisés autour de huit thématiques : situations de prostitution, grossesse et maternité, rapport au corps, violences subies, isolement, évolution des consommations chez les jeunes, références culturelles, consommations en lien avec le monde du travail. A partir de ces échanges, mais également des témoignages de femmes et des apports de la recherche, la Fédération addiction a formalisé des préconisations pour faire évoluer les pratiques professionnelles. Le guide recommande notamment de mesurer la répartition par sexe du public de la file active et de recueillir les avis et les besoins des femmes. Aux professionnels, il préconise de « travailler les représentations de genre », à la fois individuellement, en équipe et/ou avec l’aide d’un intervenant extérieur expert de ces questions. Il faut en outre favoriser l’accès des femmes à l’accompagnement, certaines témoignant « d’un plus fort isolement que les hommes », en particulier les consommatrices d’alcool. La Fédération addiction conseille donc de « réfléchir à des “stratégies de contournement” de [cet] isolement » en sortant du centre (équipes mobiles, interventions à domicile, permanences chez des partenaires…), en travaillant en partenariat pour faciliter le repérage et l’orientation des femmes, en adaptant les locaux, le matériel et l’information, en recherchant des solutions de garde d’enfants, en proposant des espaces ou activités collectifs non mixtes…

Un autre axe de préconisations porte sur les risques et les situations spécifiques identifiés dans le cadre des groupes d’échanges : l’estime de soi, la santé sexuelle, le repérage et la prise en charge des violences subies, l’adaptation de l’accompagnement en fonction du profil des femmes (prostituées, migrantes…), la prise en compte du « risque accru de précarité économique »… Des recommandations vont par ailleurs dans le sens du développement d’une prévention et d’une intervention précoce « genrées » auprès des adolescentes et des jeunes femmes, de l’accompagnement à la grossesse ou encore de la prise en compte de la parentalité.

« De nouveaux chantiers de réflexion s’ouvrent à l’issue de ce projet », indiquent les auteurs en conclusion, notamment une organisation du parcours de soins en dispositifs spécialisés mieux adaptée au parcours de vie des mères et de leurs enfants ainsi que l’accueil et/ou la prise en compte de ces derniers dans les centres.

Un état des lieux sur les personnes accueillies en CSAPA

L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a publié, à l’occasion de la journée internationale contre l’abus et le trafic de drogues du 26 juin, une étude sur les caractéristiques du public accueilli dans les quelque 450 centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) répartis sur le territoire(1). Il s’agit d’un état des lieux fondé sur la file active en 2014 et qui revient sur les évolutions depuis 2007 en s’appuyant sur les données du dispositif RECAP (recueil commun sur les addictions et les prises en charges) et celles qui sont présentes dans les rapports d’activité des structures. L’étude s’est intéressée à l’évolution de trois groupes de patients : les usagers d’alcool, qui constituent le groupe le plus nombreux « au sein duquel la part des plus de 50 ans augmente et dont la situation de l’emploi se dégrade », les usagers de cannabis, dont la part est en hausse, et les consommateurs d’autres produits, « le plus souvent des usagers d’opiacés polyconsommateurs » chez qui on « observe un vieillissement et une dégradation de la situation d’activité ». Cette analyse aborde également la question des addictions comportementales, car « même si l’effectif des personnes concernées est très faible par rapport aux autres groupes, il a rapidement augmenté au cours des dernières années ».

Notes

(1) Femmes et addictions – Téléchargeable sur www.federationaddiction.fr.

(1) « Les personnes accueillies dans les CSAPA – Situation en 2014 et évolution depuis 2007 » – OFDT – Tendances n° 110 – Juin 2016 – En ligne sur www.federationaddiction.fr.

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