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Marc Fontanès : « Ne pas sous-estimer les problématiques d’ordre cognitif ou psychologique »

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Les freins à la mobilité ne se cantonnent pas aux difficultés matérielles, souligne Marc Fontanès, sociologue et consultant en mobilité durable.
Comment définiriez-vous la « mobilité inclusive » ?

Les déplacements liés aux besoins de base comme se rendre au travail, faire ses courses, aller chez un médecin ou s’adonner à un loisir ne sont pas accessibles à tous. Or nous sommes dans une société où beaucoup de choses sont construites sur le mouvement. Pour accéder à l’ensemble des besoins de la vie sociale, on doit parcourir des distances de plus en plus longues. La mobilité inclusive consiste à imaginer des solutions adaptées aux publics freinés dans leur mobilité : jeunes en recherche d’emploi, personnes âgées ou handicapées, etc.

Quelles solutions peuvent être mises en œuvre ?

Quand on parle de mobilité, on pense d’abord à l’obtention du permis de conduire ou au fait de disposer d’une voiture. L’absence de carte bleue ou de compte bancaire empêche aussi certains usagers d’accéder facilement aux transports en commun. Mais on a tendance à sous-estimer les problématiques d’ordre cognitif, comme la difficulté à se représenter un réseau de transports ou un territoire en trois dimensions, à réussir l’examen du code, etc. Il ne faut pas négliger non plus les aspects psychologiques. Pour les publics éloignés de l’emploi, renoncer à passer le permis, c’est aussi refuser de revivre une éventuelle situation d’échec. Enfin, la carte mentale d’une personne joue sur sa perception du territoire. Pour certains jeunes, il est très difficile de sortir de leur quartier. Ils se fixent eux-mêmes des frontières fictives.

La mobilité passe-t-elle forcément par la voiture ?

Bien sûr que non. Le problème, c’est que nous n’avons pas la culture du vélo comme en Europe du Nord. Les jeunes trouvent cela ringard, que cela manque de prestige. Par ailleurs, les solutions de covoiturage et d’autopartage sont surtout pensées pour les urbains, et beaucoup moins pour les personnes vivant en territoire peu dense ou n’ayant pas les codes pour les utiliser. Il faudrait que les collectivités développent massivement l’accès au vélo et aident les habitants à mettre leurs véhicules en partage.

La notion de mobilité inclusive est-elle bien comprise ?

Elle est encore relativement confidentielle, car elle est au croisement de plusieurs mondes très différents comme celui des transports, des affaires sociales, de l’emploi, du handicap. Tout l’intérêt de la mobilité inclusive est de mettre en relation ces univers. Il y a tout un apprentissage de la transversalité à mener. A ce titre, les plateformes de mobilité mettent les bons acteurs autour de la table sur un territoire : transporteurs, associations, start-up du numérique, acteurs sociaux… Elles permettent de dépasser les freins administratifs, d’éviter les zones blanches et de faire converger les financements. Cela permet de sortir d’une logique qui a prévalu pendant de longues années, comme un financement fléché sur l’aide à l’obtention du permis de conduire et peu rentable. Je me souviens du conseil général du Gers qui avait investi 100 000 € par an pour financer le permis de conduire des bénéficiaires du RMI pour un taux de réussite de… 15 %. La mobilité inclusive a un côut modéré face aux milliards investis dans les infrastructures de transport… Pourquoi ne pas enlever un bus qui ne sert pas à grand-chose et le remplacer par un service de mobilité inclusive ?

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