Cette conférence est née en 1928 à Paris, sur le thème du service social, et a été le point de départ de la création de trois grandes organisations mondiales de la société civile du travail social et de l’intervention sociale : le Conseil international de l’action sociale (CIAS), l’Association internationale des écoles de travail social (AIETS) et la Fédération internationale des travailleurs sociaux (FITS). Créées formellement après-guerre, elles ont relancé en 2010, à Hong Kong, l’organisation d’une conférence conjointe et ont entrepris l’élaboration d’un « agenda social mondial », arrêté en 2012, comptant quatre grandes thématiques. La première, les inégalités, a été le sujet de la conférence de Melbourne, il y a deux ans. La deuxième, le respect et la promotion de la dignité, était celui de Séoul et la troisième, le développement durable du point de vue social et environnemental, sera abordée à Dublin en 2018. La quatrième thématique concerne le renforcement de la prise de conscience de l’importance des relations humaines.
Organisé toutes les années paires, cet événement international sur le travail social, l’éducation et le développement social, trois champs qui se recoupent sans être superposables, est l’occasion pour les professionnels d’élargir leur horizon et pour les trois associations de réunir leurs instances. C’est à Melbourne que l’AIETS et la FITS ont adopté la même définition du travail social… au terme de plusieurs années de débat, et en l’absence de représentants français ! Il est d’ailleurs étonnant d’envisager aujourd’hui l’inscription de cette définition dans la législation française, alors qu’elle s’est faite sans nous…
Le travail social français est encore un « village gaulois » qui regarde un peu vers l’Europe, mais est peu ouvert au monde, pour plusieurs raisons. Il est entendu dans un champ plus restrictif et la profession est plus éclatée qu’ailleurs. Alors qu’ils doivent s’inscrire dans le système européen LMD, les professionnels sont dans cette situation particulière où ils sont formés en dehors de l’université. Ils vont devoir sur cet aspect vivre une métamorphose difficile, de même que la reconnaissance du travail social comme une discipline, inscrite dans le plan d’action pour le travail social et le développement social, va nécessiter un travail de longue haleine. De façon plus générale, les revues internationales sont essentiellement en langue anglaise et les auteurs français n’y publient pas, sauf exception. Le travail social est très exigeant, comme le montrent les débats actuels sur les diplômes, mais il manque d’éléments d’échange et d’évaluation selon les critères internationaux. Les autres pays s’intéressent à ce qui se passe en France, comme l’a montré l’intérêt suscité par la communication de l’Unaforis, mais ils ne nous voient pas. D’ailleurs, cette année, la délégation française étaient composée de huit personnes(2) sur 2 500 participants, et la traduction en français a, c’est inédit, complètement disparu de la conférence !
Il démarre et nous souhaitons le faire vivre jusqu’à la conférence de Dublin, en 2018, où nous espérons faire venir davantage de Français. La conférence de Séoul a été organisée autour de 150 ateliers et a donné lieu à un bon millier de contributions, un riche matériau de réflexion pour les participants, qui sont rentrés avec des contacts de partenaires potentiels. Avec ceux qui ont vécu la conférence comme ceux qui ne l’ont pas vécue, nous espérons faire sortir le travail social français de son isolement vis-à-vis des autres pays.
(1) Il sera aussi le coordinateur du prochain congrès mondial, à Dublin en 2018.
(2) En étaient également membres Jean-Marie André et Fabienne Azzedine pour l’EHESP, Robert Bergougnan, représentant de l’Unaforis à l’international, Nathalie Gey, directrice de l’IRIS, Manuel Pélissié et Stéphane Rullac, respectivement directeur général et directeur de la recherche, directeur scientifique de l’IRTS Paris Ile-de-France, et Philippe Steck, vice-président du CFADS.
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