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Une insertion à géométrie variable

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Le chercheur Philippe Semenowicz a repéré trois modalités de collaboration entre SIAE et entreprises. Le compromis qui s’établit entre les unes et les autres est plus ou moins favorable aux personnes en insertion.

Dans sa thèse(1), Philippe Semenowicz, professeur agrégé de sciences économiques et sociales, étudie les collaborations entre les structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE) et les entreprises commerciales via un modèle d’analyse inspiré de l’économie des conventions. S’appuyant sur trois monographies (un groupe constitué majoritairement d’entreprises d’insertion, une entreprise de travail temporaire d’insertion [ETTI] et un groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification), le chercheur met en évidence trois conventions d’insertion distinctes qui imbriquent la dimension civique avec d’autres principes : les conventions « civique-marchande », « civique-industrielle » et « civique-connexionniste » qui forment, selon lui, autant de compromis d’articulation entre les SIAE et les entreprises commerciales.

Dans le cas de la convention « civique-marchande », l’entreprise, guidée par une logique de rentabilité économique, considère les SIAE comme de simples sous-traitants : les contrats proposés aux personnes en insertion sont souvent très courts et peu formateurs – « par exemple lorsqu’une entreprise fait appel à une ETTI pour une brève mission de manœuvre pour répondre aux clauses sociales d’un marché public », relève Philippe Semenowicz. Quant à la convention « civique-industrielle », elle renvoie à l’entreprise fordiste des Trente Glorieuses : après avoir identifié les besoins de main-d’œuvre de l’entreprise, la SIAE forme et met à sa disposition du personnel en insertion en vue d’une embauche à l’issue du parcours. La convention « civique-connexionniste » renvoie, pour sa part, au modèle de l’entreprise en réseau. « Dans ce cas, la SIAE est un partenaire comme un autre qui participe à l’organisation flexible de l’entreprise. En contrepartie, cette dernière permet au personnel en insertion d’acquérir des compétences transférables ailleurs », souligne Philippe Semenowicz.

Chaque type de convention s’apparente à une conception différente de l’insertion, explique le chercheur : dans le modèle « civique-marchand », l’insertion est conçue comme la mise en emploi temporaire de personnes en difficultés professionnelles ; dans le modèle « civique-industriel », l’insertion renvoie à un processus de qualification en vue d’une embauche ; dans le modèle « civique-connexionniste », l’insertion vise à développer l’employabilité des personnes.

Dans les cas étudiés, les trois conventions d’insertion coexistent dans des proportions variables en fonction des objectifs et des contraintes des entreprises et des structures de l’insertion par l’activité économique. Le chercheur observe toutefois la prégnance de la convention « civique-marchande », une fragilisation de la convention « civique-industrielle » et la robustesse de la convention « civique-connexionniste » plus pérenne que les autres. Tout l’enjeu, selon lui, réside dans l’adoption de conventions d’insertion exigeantes « qui se rapprochent des conventions “civiques-connexionnistes”, voire “civiques-industrielles”, dont l’impact sur le parcours d’insertion des personnes est le plus positif ».

Notes

(1) « Une analyse conventionnaliste des collaborations entre entreprises sociales et entreprises commerciales : l’exemple de l’insertion par l’activité économique » – Thèse soutenue en novembre 2015, au sein de la chaire « économie sociale et solidaire » de l’université Paris-Est Marne-la-Vallée.

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