« Pour émigrer, il faut être très pauvre et n’avoir rien à perdre, ou alors être très courageux. » Tirée d’un documentaire sur la conférence d’Evian – au cours de laquelle, en 1938, les démocraties occidentales s’entendirent sur leur impuissance à aider les réfugiés juifs allemands et autrichiens –, la citation apparaît dès les premières pages du recueil. Et donne le ton de ces Chroniques d’exil et d’hospitalité, collection de récits et témoignages glanés par Olivier Favier, historien, journaliste et traducteur. Initialement publiés sur son blog(1) ou sur différents sites de presse ou d’associations (Bastamag, France terre d’asile, etc.), les textes racontent les vies derrière les statistiques et les décomptes macabres, les espoirs qui nourrissent l’errance, l’absurdité et la lenteur des procédures administratives… Mais aussi la mobilisation de simples citoyens, enseignants, prêtres, travailleurs sociaux, militants. « Ce sont eux qui font la force de ce pays, c’est grâce à eux qu’il reste une terre d’accueil », souligne ainsi l’un des jeunes interrogés. Au fil de ses rencontres, Olivier Favier s’est rendu à Calais. Il y a découvert « un immense non-sens », « des mois de purgatoire alors même que [les migrants] ont quitté l’enfer et qu’aucun paradis ne les attend ». Son espoir ? Qu’un jour la « minorité consciente » des pays d’accueil se lève pour « manifester sa solidarité » et se batte pour les réfugiés. En France, en Angleterre, « ces grandes nations qui ont appris au monde entier que les hommes avaient un corps dont ils pouvaient disposer, qu’ils naissaient et demeuraient libres et égaux en droits ».
(1)
Chroniques d’exil et d’hospitalité
Olivier Favier – Ed. Le Passager clandestin – 17 €