« Pendant longtemps, j’ai eu peur du conflit », confie Claire Bonnelle. Aujourd’hui, la médiatrice familiale pense que le conflit a du bon. Eclairant les dilemmes internes des parties en présence, il est un « élan de vie qui va aider les personnes à produire du changement là où elles n’ont pas pu en produire autrement ». Dans ce processus de transformation d’une situation d’hostilité par la transformation de ses protagonistes, les trois ou quatre premières séances de médiation sont essentielles. C’est sur elles, et non sur la phase escomptée de négociation d’un accord, que l’auteure axe son propos. Décortiquant minutieusement la mécanique de conflits familiaux donnés à voir au travers de nombreuses vignettes, Claire Bonnelle insiste sur l’enfermement dans la spirale conflictuelle. Jamais à court de griefs, les adversaires utilisent ce qui les lie – et ce que chacun sait de l’autre – pour s’atteindre. Il s’agit d’écouter les deux versions, qui chacune contient une part de vérité – « leurs propres représentations ne sont pas fausses, elles sont subjectives », commente l’auteure – et d’instiller un peu de « flottement, de l’interrogation là où il y avait des certitudes ». Utilisant le besoin de parler qu’ont les personnes en conflit, la médiation amorce le dialogue : « Une réponse peut […] être apportée à une question adressée, une limite […] posée à une demande explicite. » Lorsque les acteurs deviennent capables de se faire mutuellement des requêtes, plusieurs entretiens communs sont souvent encore nécessaires pour rédiger une convention, mais le conflit a disparu.
La dynamique du conflit au cœur de la pratique d’une médiatrice familiale
Claire Bonnelle – Ed. érès – 25 €