Souvent, c’est par le biais de leur mission locale que les jeunes déscolarisés sont orientés vers un EPIDE (établissement pour l’insertion dans l’emploi). Créées en 2005 sous la houlette du ministère de la Défense, ces structures au fonctionnement « d’inspiration militaire » sont au nombre de 18, réparties sur tout le territoire, et prennent en charge 3 500 jeunes par an. Venue animer une conférence pour les dix ans de l’EPIDE d’Alençon, la journaliste Emmanuelle Gaume a eu un coup de cœur pour cette institution, au point de vouloir dévoiler son fonctionnement à travers un documentaire. En effet, les EPIDE sont encore trop peu connus, « alors qu’ils ont des résultats intéressants, avec 50 % des jeunes qui en sortent avec un emploi ou une formation ».
Des équipes pluridisciplinaires (conseillers éducation et citoyenneté, moniteurs, formateurs d’enseignement général, d’informatique, de mobilité et de sport, chargés d’accompagnement social, conseillers en insertion professionnelle et, de plus en plus, éducateurs spécialisés) prennent en charge ces jeunes de 18 à 25 ans sans diplôme ni qualification professionnelle, qui décident d’eux-mêmes d’intégrer l’internat où ils retrouvent le cadre structuré qui leur faisait défaut. Ces « volontaires pour l’emploi » se lèvent tôt, enfilent leur uniforme (polo, pantalon et chaussures bleu marine bien entretenues) et saluent les drapeaux français et européen au son de la Marseillaise. En moyenne, le parcours dure huit à dix mois, au cours desquels ces jeunes en grande difficulté apprennent la vie en collectivité et bénéficient d’un accompagnement adapté à leur projet personnel et professionnel. David, 18 ans, avoue qu’il était chez lui « depuis trois ans à ne rien faire » avant qu’un ami lui parle de ce lieu. Bouska, 19 ans, a vécu à la rue avant de décider de se reprendre en main en intégrant l’EPIDE, avec pour projet de devenir sapeur-sauveteur en sécurité civile. Jolan, 20 ans, l’admet : « J’étais un feignant et je ne respectais aucune règle. » A Alençon, il se tempère et, dit-il, « gagne en maturité ». Il s’est même inscrit pour passer le bac en candidat libre. L’établissement accueille également de rares filles (20 % de l’effectif) comme Maéva, 22 ans qui se rêve monitrice-éducatrice. A l’issue du documentaire de Public Sénat – qui ne prend peut-être pas assez de distance avec son sujet –, on aimerait en savoir davantage sur le « parcours citoyen » proposé à ces jeunes et sur cette prise en charge originale, véritable tremplin vers l’emploi.
Volontaires pour l’emploi
Emmanuelle Gaume – 52 min – Sur Public Sénat, les jeudi 14 juillet à 18 h, vendredi 29 juillet à 13 h, mardi 9 août à 13 h et jeudi 18 août à 15 h 30 – Puis en VOD sur