A l’occasion de la première journée nationale de formation des référents « violences faites aux femmes » des services d’urgence – au nombre de 513 aujourd’hui(1) –, la ministre des Affaires sociales et de la Santé a présenté les chantiers qu’elle souhaite faire avancer dans le cadre du cinquième plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes, qui sera présenté le 25 novembre prochain(2).
Tout d’abord, Marisol Touraine entend « élargir la formation sur les violences faites aux femmes à d’autres professions de santé » (chirurgiens-dentistes, infirmiers…). Elle souhaite aussi améliorer la prise en charge psychologique des femmes victimes de violences. Un sujet qui devrait être abordé au sein du futur Conseil national de la santé mentale qu’elle installera « à la rentrée »(3). En tout cas, a-t-elle martelé, il faut « augmenter le nombre de structures pour accompagner psychologiquement les femmes victimes par des équipes formées à ce type de psychotraumatisme ». Enfin, la ministre veut régler le problème de la preuve des violences que les victimes doivent rapporter car « le système actuel n’est pas adapté [et] doit être repensé dans [leur] intérêt ». « Le sujet est complexe, admet-elle, mais la facilitation des constats qui pourront servir de preuves judiciaires par la suite est un enjeu majeur pour les victimes qui ont besoin de temps, de calme, de recul pour décider d’engager une procédure à l’encontre de leur agresseur. » En d’autres termes, insiste Marisol Touraine, il s’agit de « trouver les moyens adaptés pour permettre le recueil des preuves des violences en l’absence de plainte et leur conservation pendant une période raisonnable afin de laisser aux victimes le temps de porter plainte ». Des initiatives locales existent déjà au sein d’unités médico-judiciaires pour encourager l’accueil de victimes de violences sans faire du dépôt de plainte un préalable. La ministre des Affaires sociales et de la Santé entend donc évaluer ces dispositifs pour en « tirer les conclusions nécessaires » et étudier d’autres dispositifs.
(1) Conformément au quatrième plan interministériel de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes 2014-2016, ces référents – désignés parmi les médecins des services d’urgence, du SAMU ou du SMUR – sont chargés de sensibiliser les personnels des services d’urgence et d’identifier les partenaires utiles à la prise en charge des victimes (gynécologues, pédiatres…).
(2) Egalement présente lors de cette première journée de formation, Laurence Rossignol a indiqué que le futur plan devrait aussi améliorer la prise en charge des enfants exposés aux violences conjugales et celle des violences sexuelles.
(3) Cette nouvelle instance sera « un lieu de réflexion, de propositions et de concertation pour les actions à engager en matière de santé mentale », ont expliqué les services de la ministre aux ASH. Sa composition et son animation seront aussi précisées à la rentrée.