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Le prix de l’autonomie

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« Mais où est donc Maeva ? » Les éducateurs spécialisés qui l’accompagnent ne cessent de courir après cette jeune fille de 13 ans particulièrement agitée et fugueuse. Prise en charge par l’aide sociale à l’enfance, Maeva n’est placée ni en MECS (maison d’enfants à caractère social) ni en famille d’accueil, mais bénéficie d’un accompagnement original, individuel, à l’hôtel. Ce service accueille des filles et des garçons de 10 à 18 ans qui sont confiés à des éducateurs intérimaires recrutés par l’agence Domino Assist’m.

Dans le cadre de cet accueil provisoire, ces professionnels s’installent dans une chambre d’hôtel mitoyenne à celle du jeune et se relaient pour un séjour continu pouvant varier de trois semaines à plus de un an. « Devant l’extrême difficulté à trouver des solutions adaptées pour certains jeunes qui mettent en échec tout accompagnement ou dont les dossiers montrent qu’ils peuvent mettre en péril l’équilibre d’un groupe au sein de structures d’accueil classiques, la prise en charge à l’hôtel est proposée comme une alternative », explique Manaf El Hebil, directeur opérationnel médico-social de l’agence d’intérim, que les journalistes de France Culture ont rencontré. Ils ont également suivi durant plusieurs jours les travailleurs sociaux qui se succèdent auprès de Maeva dans un hôtel peu reluisant du XIIe arrondissement de la capitale. Un travail qui, disent-ils, demande « de la patience » : « Parfois, on attend toute la journée un jeune qui ne rentre pas », témoigne Malika. Tony a travaillé dans de nombreuses institutions avant de choisir l’intérim. Le travailleur social apprécie cette autonomie qui lui permet de « proposer [ses] propres stratégies et [ses] propres objectifs », mais il convient qu’il s’agit d’une prise en charge particulièrement onéreuse : « On loue deux chambres d’hôtel au mois et on paie cinq éducateurs qui se relaient 24 heures sur 24, puisque les mineurs ne peuvent pas être laissés sans présence éducative. »

Pendant cinq ans, l’éducatrice Marianne Bowie a également travaillé en placement à l’hôtel, et ne le referait plus. Elle s’est parfois sentie en danger, car totalement seule face aux jeunes. Elle a même vécu des situations extrêmes, quand une adolescente a réussi à s’enfermer dans la chambre avec elle pour lire le carnet de transmission et récupérer de l’argent. « Faire grandir un jeune dans un hôtel, c’est forcément anxiogène, pour lui comme pour le travailleur social qui n’a pas d’équipe sur laquelle s’appuyer », analyse-t-elle. Ses anciens collègues continuent à s’inquiéter du sort de Maeva, dont la chambre reste vide depuis plusieurs jours. L’accompagnement va-t-il pouvoir se poursuivre ?

Aide sociale à l’enfance et placement à l’hôtel

Johanna Bedeau et Anna Szmuc – Emission de France Culture « Sur les docks » du 2 juin 2016, à réécouter sur www.franceculture.fr

Culture

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