Enfants d’ITEP

Entre les jeunes garçons, les insultes fusent. Agés de 6 à 15 ans, ils ont un visage d’ange, mais leur comportement est incontrôlable, souvent violent. La documentariste Céline Thiou s’est rendue à Champagné, près du Mans, pour filmer ces « sales gosses » qui grandissent à l’ITEP (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique) des Aubrys. Mis à l’écart du système éducatif « parce qu’ils ont fait de grosses bêtises », ils sont pris en charge dans ce lieu de vie pendant plusieurs mois avant de réintégrer le système scolaire « normal ». La trentaine de garçons est encadrée par des éducateurs et des enseignants spécialisés, sur lesquels la caméra se penche… Mais ce que la journaliste a surtout voulu saisir, c’est la vitalité et l’humour des enfants, filmés à visage découvert. Elle pointe l’objectif sur Jérôme, présent à l’ITEP depuis deux ans et qui a hâte de retourner au collège « pour ressembler à un garçon normal, pas à un handicapé ». Celui qui rêve de devenir chanteur reconnaît qu’il a été « un emmerdeur » – « mais maintenant je me suis apaisé », assure-t-il. Les professionnels le reconnaissent : « Jérôme a fait des progrès, mais doit encore continuer pour nous convaincre. » La journaliste interroge directement les enfants sur leur traitement médicamenteux. « Le matin, je prends un comprimé rouge-orange qui me repose, et le soir des gouttes pour réussir à dormir », répond Jérôme. Le petit Dylan, quant à lui, déplore : « Je prends un médicament que je n’aime pas, qui me coupe l’appétit et me donne mal à la tête. » Malgré les disputes et les noms d’oiseaux qu’ils se lancent, les garçons nouent des liens très forts, notamment grâce aux activités organisées dans la structure : camping, vente de gaufres en porte à porte, matchs de foot, etc.