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Evaluation psychologique des enfants handicapés : travailler la notion de « GEVA compatibilité »

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Le volet psychologique du guide d’évaluation des besoins de compensation de la personne handicapée (GEVA) est-il bien adapté à l’évaluation psychologique des enfants en situation de handicap ? C’est ce qu’a cherché à déterminer l’Association francophone de psychologie et psychopathologie de l’enfant et l’adolescent (APPEA) dans le cadre d’une recherche-action menée avec le soutien de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA)(1). Objectif : analyser et comprendre « la structure, l’utilité et la cohérence du volet psychologique actuel, les insatisfactions des usagers et des membres des [équipes pluridisciplinaires d’évaluation des maisons départementales des personnes handicapées] à son égard, l’hétérogénéité, l’insuffisance ou l’inadéquation des informations transmises ».

Mis à part un volet documentaire, l’essentiel de la recherche-action a été réalisé sur la base du traitement de 265 comptes rendus d’évaluation psychologique issus de 24 MDPH, d’entretiens avec 39 psychologues de l’enfance, de focus groups avec 11 équipes pluridisciplinaires d’évaluation de MDPH et de 207 questionnaires destinés aux membres de ces équipes. Premier constat : les évaluations psychologiques d’enfants faisant l’objet d’une demande de compensation en MDPH, principalement quand elles concernent des « enfants primo-consultants et à l’ouverture des dossiers », sont réalisées pour moitié par des psychologues de l’Education nationale. Les psychologues exerçant dans le secteur médico-social apportent majoritairement leur concours dans le cas du renouvellement du projet personnalisé de scolarisation (PPS), tandis que ceux qui exercent dans le champ de la santé et en libéral « contribuent peu » à ces évaluations. Sur le plan formel, un « modèle-type [de compte rendu] se dégage d’une importante partie des écrits ». Ce dernier paraît refléter insuffisamment « la diversité des informations et observations recueillies par le psychologue, peu cohérent et comporte le risque de se focaliser sur des aspects réducteurs », relève l’étude. Par ailleurs, « les psychologues ne disposent pas de représentations claires des [équipes pluridisciplinaires d’évaluation], de leurs attentes et de leurs modalités de fonctionnement ».

Trois modalités d’approche

Pour les enfants concernés, si on ne distingue « pas de profil psychologique type », presque tous ont une « scolarité en panne ou en souffrance et d’importantes ou sévères difficultés d’apprentissage ». Après les troubles cognitifs ou troubles « dys », les troubles du comportement sont les plus fréquemment décrits ou invoqués. Les auteurs de la recherche constatent en outre que les mots « handicap » ou « handicapé » sont très peu utilisés, contrairement aux termes comme « difficultés », « troubles », « déficits », « retards », « problèmes »…, qui sont, eux, « largement employés ». Cette « forte ambivalence » des psychologues à l’égard du terme handicap est confirmée par l’analyse de leur discours, qui révèle une « méconnaissance des paradigmes modernes liés à l’évolution des lois, du GEVA et des éléments sociohistoriques », mais aussi « la crainte de figer, de stigmatiser, de surcroît par écrit, un enfant en développement ».

Les analyses croisées issues des focus groups et des questionnaires auprès des équipes pluridisciplinaires ont permis, quant à elles, de dégager trois principales modalités d’approche. Il y a d’abord l’approche globale ou transdisciplinaire, accordant une importance égale aux diverses évaluations, « sans qu’un élément ne soit remis en cause ou effacé par l’un ou l’autre des professionnels », où la recherche du consensus est forte et où le psychologue « apparaît comme un expert ayant une approche globale et approfondie de l’enfant ». Dans la deuxième approche, qualifiée de « médicale et catégorielle », le handicap est expliqué par la déficience d’un ou de plusieurs domaines et le quotient intellectuel y apparaît par exemple comme une « information importante ». Enfin, dans la troisième approche, dite « des situations limites », « le modèle médical traditionnel de représentation du handicap cède le pas à une approche plus descriptive et fonctionnelle, notamment dans les situations complexes ».

Au final, tant du côté des psychologues que des membres des équipes pluridisciplinaires d’évaluation, les auteurs de la recherche-action constatent de part et d’autre des « incompréhensions et méconnaissances liées à l’usage du terme handicap [et] aux paradigmes qui sous-tendent les lois sociales des années 2000 ». En outre, « les tensions entre une approche médicale du handicap (culture du diagnostic) et une approche biopsychosociale (civique) sont encore fortement présentes », témoignant d’un « important besoin de diffusion des concepts actuels et de leurs conséquences pratiques ».

Dans ce contexte, les auteurs recommandent de soutenir la politique de « GEVA compatibilité », notion promue par la CNSA et qui traduit la volonté des acteurs de coopérer et de partager les informations pertinentes relatives à la situation de handicap d’une personne. Que chacun, en d’autres termes, parlent le même langage. Il s’agit également « d’adapter la logique d’évaluation “diagnostique médicale” à une logique d’évaluation civique, dynamique et fonctionnelle reposant sur les besoins de l’enfant et de son environnement ».

Par ailleurs, afin de « garantir la confidentialité et la juste exploitation des données psychologiques », les auteurs préconisent d’assurer la présence d’un psychologue dans l’équipe d’évaluation lorsque des données psychologiques et un compte rendu y sont présentés et d’améliorer le dialogue entre ces professionnels et les équipes pluridisciplinaires d’évaluation. Pour ajuster leurs compétences aux attentes des équipes pluridisciplinaires et inversement, l’étude encourage la production de travaux associant des psychologues, des usagers et des membres des équipes MDPH. Elle interroge enfin la faisabilité de « guidelines » à destination des psychologues afin « d’optimiser la cohérence de leurs écrits » par rapport au GEVA.

Notes

(1) En ligne sur www.appea.org.

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