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Vivre jusqu’au dernier soupir

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Manu et Philippe ont la soixantaine, et ils vont mourir. « C’est épouvantable d’envisager sa mort », affirme Philippe, atteint d’un cancer incurable depuis deux ans. Il est pourtant calme et garde le sourire aux lèvres : « Je n’ai plus d’avenir, donc je savoure les bons moments du présent et du passé. » A Manu, on avait prédit une espérance de vie de trois mois. Cela fait trois ans que cet ancien marathonien subit chimio sur chimio. « C’est difficile et pénible, mais à côté de cela j’ai mille projets et je reste heureux », affirme celui que l’on sent très affaibli. Les deux Belges ont choisi de ne pas subir « une mort atroce naturellement promise » et ont opté pour l’euthanasie active, régie en Belgique par la loi du 28 mai 2002. Un acte presque entré dans les mœurs dans ce pays et que Manu a choisi depuis longtemps, tandis que Philippe n’y a pensé que tardivement, bloqué par le poids de la tradition et par le manque d’adhésion du corps médical. Pour son documentaire poignant Vivre sa mort, le réalisateur Manu Bonmariage a suivi les deux hommes pendant plusieurs mois, entre examens médicaux, fêtes familiales et visites au cimetière. Rien n’est caché, pas même les ultimes instants de Manu.

Ce qui effraie, ce n’est pas la mort, c’est mourir. Comment, où, avec qui, dans quelles conditions ? Comment s’en aller « en paix » ? Autant de questions auxquelles les deux protagonistes cherchent et parfois trouvent des réponses, tout au long du documentaire. C’est Philippe lui-même qui a proposé au réalisateur, son oncle, de filmer jusqu’au bout la façon dont il affronterait la mort. « Malgré l’adversité, la douleur, la difficulté, il voulait que je sois à ses côtés pour être témoin de son triomphe sur sa souffrance, non pas en lui survivant, mais en la domptant, en continuant à vivre pleinement jusqu’au dernier soupir, explique Manu Bonmariage. Je voulais que le film l’encourage dans son voyage vers la résilience. »

A travers ces deux destins, il montre aussi que « si l’on va tous au même endroit, selon d’où l’on vient, on ne peut pas forcément y aller de la même façon ». En effet, si les Belges sont tous égaux face à la loi, ils ne le sont pas face à l’appréciation de la loi et à la connaissance du corps médical sur les produits létaux : au sein du pays, sur les quelque 1 800 euthanasies pratiquées en 2013, 80 % l’ont été en Flandres, contre 20 % dans la communauté française.

Vivre sa mort

Manu Bonmariage – 1 h 15 – En salles le 8 juin

Culture

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