Alors que le code de l’éducation confère un rôle « essentiel » à la maison départementale des personnes handicapées (MDPH) en matière d’information des parents sur le choix du mode de communication de leur enfant (communication bilingue, langue des signes [LSF] et langue française, ou communication en langue française), c’est « une réalité bien différente » qui est rapportée par les parents, les professionnels et les responsables de MDPH, constatent les inspections générales des affaires sociales et de l’Education nationale dans un rapport commun(1).
Pour elles, c’est aux maisons départementales des personnes handicapées qu’il revient de garantir la qualité de l’information initiale, pour accompagner les familles dans les choix linguistiques et assurer un examen régulier des options prises, estime le rapport. Or, dans les faits, les maisons départementales ne sont pas toujours dans le circuit d’information de façon précoce, les parents s’adressant à des interlocuteurs variés (professionnels de santé ou du secteur médico-social, associations…). En outre, les MDPH ne recueillent pas les informations concernant les choix linguistiques dans le cadre des projets de vie ou des projets personnalisés de scolarisation (PPS). Cette situation constitue un obstacle au suivi du projet de vie ou du PPS, à l’estimation des besoins en personnel ainsi qu’à l’implantation des dispositifs d’enseignement, jugent les deux inspections. Elles recommandent donc que les maisons départementales soient soutenues par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie afin que toutes puissent effectivement préciser le choix linguistique dans le PPS des jeunes sourds à la fin 2017.
Par ailleurs, afin de permettre à chaque personne sourde d’évoluer dans ses choix linguistiques au cours de son existence, le rapport juge « préférable que chacun dispose d’une bonne connaissance de la LSF et du français oral » (voir aussi notre rubrique « Courrier », ce numéro, page 19). Pour cela, il recommande deux heures hebdomadaires de communication en LSF pour tous les enfants sourds dès le plus jeune âge au sein, notamment, des crèches et des établissements médico-sociaux. Il appelle également à faciliter les financements individuels pour un accompagnement en langage parlé complété (LPC) et en LSF, par exemple avec la possibilité d’attribuer non seulement la prestation de compensation du handicap mais aussi le quatrième complément de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé. Enfin, à l’école, il faut pérenniser les contrats des personnels compétents en LSF ou LPC, qu’il s’agisse de professeur ou d’accompagnant des élèves en situation de handicap, plaide le rapport.
(1) Les conditions de mise en œuvre des projets linguistiques des jeunes sourds et la qualité de leur parcours – IGAS-IGEN – Disponible sur