Recevoir la newsletter

Le Conseil d’analyse économique propose des pistes pour favoriser l’emploi des seniors

Article réservé aux abonnés

Bien que le taux d’emploi des seniors ait fortement augmenté ces 15 dernières années, il reste inférieur de 10 points à la moyenne des pays de l’OCDE, une différence provenant surtout du faible taux d’emploi des 60-64 ans, soulignent les économistes Pierre Cahuc, Jean-Olivier Hairault et Corinne Pros, auteurs d’une note pour le Conseil d’analyse économique publiée le 31 mai(1). Estimant que « la faiblesse du taux d’emploi au-delà de 60 ans réduit la création de richesses », les trois auteurs souhaitent favoriser les choix individuels en fin de carrière entre revenu et temps de loisir, et faire en sorte que « l’assurance chômage ne biaise pas prématurément les choix en faveur du retrait de l’emploi ».

Permettre des fins de carrière « mieux choisies »

Selon l’étude, « le choix d’une vie active plus longue pour un meilleur niveau de vie doit être posé de façon transparente et individualisée pour que chacun soit en mesure de choisir ». Pour ce faire, les auteurs recommandent notamment de faire mieux connaître le système de décote et de surcote des pensions de vieillesse, qui « n’a pas reçu la publicité qu’il mérite ». Ce dispositif permet aux salariés de prolonger leur carrière au-delà de l’âge d’obtention d’une retraite à taux plein pour bénéficier d’une majoration du montant de leur pension de retraite ou d’anticiper leur départ à la retraite avant l’âge du taux plein contre une minoration du montant de leur pension de retraite.

Pour optimiser le choix de fin de carrière, une autre possibilité est retenue par les trois économistes : rétablir la possibilité de continuer à accumuler des droits à pension de vieillesse en cas de cumul emploi-retraite – possibilité supprimée depuis la réforme des retraites de 2014. Les auteurs proposent également de supprimer le plafond en cas de cumul partiel d’une activité avec une pension de vieillesse après une liquidation des droits à la retraite à taux réduit.

Par ailleurs, bien que « les Français se disent attirés par une transition vers la retraite plus progressive, en temps partiel », les départs en retraite progressive – qui permettent de travailler à temps partiel et de percevoir une partie de sa pension avant la liquidation de la retraite – « restent marginaux par rapport à l’ensemble des départs à la retraite (0,6 % des nouveaux retraités en 2015) », note l’étude. L’absence de publicité et la « complexité des règles de calcul des pensions » ne sont pas propices à l’appropriation de ce dispositif, déplorent les auteurs de l’étude, qui suggèrent de le rendre plus « simple et lisible ».

Au-delà d’une possible optimisation des dispositifs existants en matière de retraite, les économistes prônent une réforme allant vers un régime de retraiteunifiéà points ou en comptes notionnels(2). Ainsi, « tout temps de travail donne[ra] lieu à cotisations et donc à un supplément de pension, ce qui n’est pas nécessairement le cas dans le système actuel en annuités », argumentent-ils.

En outre, ils recommandent d’harmoniser progressivement les règles des différents régimes de retraite relatives à l’acquisition des droits par rapport au taux plein. Un trimestre de surcote n’apporte en effet pas la même majoration de pension selon le régime de retraite, soulignent-ils.

Réformer l’assurance chômage des seniors

Constatant que la durée effective au chômage des seniors est plus élevée que celle des moins de 50 ans, les auteurs de la note proposent de mettre en place un plan spécifique d’accompagnement et de formation pour les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans. « Il est souhaitable de les accompagner vers l’emploi, de les sensibiliser à une nécessaire modération salariale, conséquence de leur perte de capital humain et non nécessairement d’une discrimination de la part des entreprises », estime l’étude. En contrepartie de cet accompagnement renforcé, les économistes suggèrent de réduire la durée maximale d’indemnisation du chômage des seniors à deux ans (contre trois ans aujourd’hui), comme pour les moins de 50 ans.

Par ailleurs, pour éviter que les entreprises n’utilisent l’assurance chômage pour gérer leurs effectifs par le départ de leurs salariés seniors dès lors que ces derniers peuvent partir à la retraite à taux plein à la fin de leur durée potentielle d’indemnisation, l’étude préconise d’instituer un mécanisme qui les incite à prendre en compte le coût induit par ce type de stratégie. Un système de bonus-malus, dans lequel les entreprises contribuent pour partie au coût de l’indemnisation chômage de leurs ex-salariés, devrait permettre d’atteindre cet objectif. Pour ne pas désavantager les seniors, ce système doit s’appliquer à tous les salariés, indépendamment de leur âge, précisent les auteurs.

Notes

(1) « L’emploi des seniors : un choix à éclairer et à personnaliser » – Note n° 32 – Mai 2016 – Disponible sur www.cae-eco.fr.

(2) Un régime en comptes notionnels permet à l’assuré d’être titulaire d’un compte individuel, crédité chaque année des cotisations qu’il a versées et qui augmentent son capital virtuel. Ce dernier est lui-même revalorisé annuellement selon un indice fixé par le régime de retraite. Le montant de la pension de vieillesse est proportionnel au capital virtuel accumulé à la date de liquidation des droits à la retraite.

Côté cour

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur