Après la fermeture du centre local d’information et de coordination gérontologique (CLIC) de Nice en 2013, de Cherbourg en 2014 et de l’île de la Réunion l’année dernière, ceux de Boulogne-sur-Mer et de Lens, dans le Pas-de-Calais, vivent leurs « dernières heures », tandis que d’autres, comme en Dordogne, sont menacés. Dans un communiqué diffusé mi-mai, l’Association nationale des coordinateurs et coordinations locales (ANC-CLIC) tire la sonnette d’alarme sur « l’hémorragie » qui touche un nombre croissant de ces structures, « et ceci dans l’indifférence quasi générale et le silence des pouvoirs publics ». « Ce sont des structures malmenées », témoigne Richard-Pierre Williamson, président de l’Ancclic. Certaines font ainsi face à la baisse de subventions des collectivités, voire au désengagement de financeurs comme à Boulogne où le retrait de la caisse d’assurance retraite a entraîné une réduction du budget de 30 à 40 %. Une situation qui a conduit les administrateurs du CLIC à jeter l’éponge, avec, notamment, l’argument que les personnes pourront se tourner vers les centres communaux d’action sociale ou les centres médico-sociaux. Cela, même si ces structures ne sont pas « aussi bien armées que les CLIC pour répondre au public âgé et l’orienter, ajoute Richard-Pierre Williamson. Dans d’autres situations, les missions des CLIC sont internalisées par le conseil départemental mais sont souvent assurées à la baisse. »
Certains centres locaux d’information et de coordination gérontologique seraient aussi parfois délaissés au profit d’autres dispositifs apparus plus récemment, sans pour autant avoir les mêmes finalités. Avec parfois un intérêt financier pour les départements dont les comptes sont à la peine : « certains trouvent une certaine opportunité à se désengager des CLIC et à porter des MAIA [méthodes d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie] car ils peuvent bénéficier de subventions de l’agence régionale de santé », illustre Richard-Pierre Williamson. Pour autant, il ne s’agit pas d’opposer les dispositifs entre eux, prévient-il, mais de les articuler, en ne perdant pas de vue le rôle de chacun.Celui du CLIC est d’être la porte d’entrée, le guichet principal, vers les autres modes d’accompagnement au service des personnes âgées, qu’il s’agisse des MAIA, plateforme territoriale d’appui à la coordination, le parcours Paerpa (personnes âgées en risque de perte d’autonomie)… « Oui à tous ces dispositifs mais avec un CLIC qui a un pignon sur rue, car sinon à qui vont s’adresser les personnes âgées ? », interroge Richard-Pierre Williamson. Qui souligne que « les questions de l’information, de la proximité avec les usagers et de la coordination reviennent en boucle en tant que réponses transversales aux problématiques tant individuelles que collectives » dans les lois récentes relatives à l’adaptation de la société au vieillissement et à la santé ou dans les orientations de la nouvelle convention d’objectifs et de gestion de la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA)(1).
L’ANC-CLIC a d’ailleurs élaboré un « plaidoyer en faveur de la coordination gérontologique », qui devrait être prochainement en ligne sur son site Internet, afin de valoriser les missions et le rôle des CLIC. Durant le second semestre, l’association va également réaliser un état des lieux des CLIC (cartographie, nombre, missions, territoire d’intervention…) : « Nous voulons fournir des tendances et avoir un outil de communication et d’aide à la décision pour les directions du ministère, la CNSA, les départements… », précise Richard-Pierre Williamson. Les premiers résultats devraient être connus d’ici à la fin de l’année.