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Les gestionnaires de cas attendent une meilleure reconnaissance de leur identité professionnelle

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Mieux connaître et valoriser le rôle des gestionnaires de cas dans le dispositif MAIA (méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie) : tel est l’objectif d’une enquête de la Fondation Médéric-Alzheimer, réalisée au début 2016 dans le cadre d’un partenariat avec la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA)(1). La fonction de gestionnaire de cas a été créée dans le cadre du troisième plan Alzheimer 2008-2012(2) « pour répondre à un besoin de continuité du parcours de vie des personnes âgées », rappellent les auteurs de l’étude en introduction. Leur rôle consiste à « évaluer les besoins de personnes ayant des problématiques d’une telle complexité que les réponses habituelles ne peuvent les résoudre, et à y apporter des solutions “sur mesure”, au travers du plan de service individualisé »(3).

Les gestionnaires de cas sont très majoritairement des femmes (95 %) et leur âge moyen est de 37,6 ans, la moitié ayant moins de 35 ans. « Sur le plan de la formation initiale, trois professions, représentant 82 % des répondants, dominent : les infirmiers (32 %), les assistants de service social (29 %) et les conseillers en économie sociale et familiale (21 %) », constatent les auteurs. Dans de moindres proportions, certains gestionnaires de cas étaient initialement psychologues et neuropsychologues (10 %), ergothérapeutes (6 %) ou éducateurs spécialisés (2 %). A noter que la répartition est « pratiquement équilibrée » entre les professionnels issus d’un cursus social (52 %) et ceux qui ont suivi une formation sanitaire (48 %), les 2 % restants ayant un double cursus.

Plus de la moitié (55 %) des gestionnaires de cas exercent dans un territoire à prédominance rurale et 68 % ont un périmètre d’intervention supérieur à 35 km. Ils sont 85 % à exercer à temps plein et les trois quarts sont employés en contrat à durée indéterminée (CDI). « Lorsque le porteur de la MAIA est une collectivité territoriale ou un établissement public de santé, la proportion de CDD [contrat à durée déterminée] et de non-titulaires est plus élevée (41 %) que pour l’ensemble des gestionnaires de cas (25 %). » Leur rémunération oscille entre 1 600 € net par mois (10 % des professionnels ont un salaire inférieur) et 2 400 € net (2 % sont au-dessus), sachant qu’il n’existe pas de référentiel unique fixant leur rémunération. « La diversité des niveaux de salaires témoigne de celle des porteurs des dispositifs MAIA, publics et privés, des statuts et des métiers d’origine, écrivent les auteurs. 36 % des gestionnaires de cas indiquent qu’ils sont rattachés à une convention collective du secteur privé. » Parmi eux, la majorité (55 %) relève de la convention collective nationale des établissements de santé privés non lucratifs (CC 51) et 33 % de celle de la branche de l’aide à domicile. « Beaucoup plus rarement », ils sont rattachés à la convention des établissements médico-sociaux (CC 66), à celle des acteurs du lien social et familial ou à celle de la mutualité (1 % à chaque fois).

Un gestionnaire de cas, au moment de l’enquête, suivait en moyenne 23 personnes – dont 15 atteintes de la maladie d’Alzheimer –, seul 1 % dépassait le seuil de 40 situations recommandé par le cahier des charges MAIA. « On note une montée en charge du nombre de situations suivies selon l’ancienneté du gestionnaire de cas dans le poste », celui-ci variant également « significativement en fonction du périmètre d’intervention ». Parmi les principales difficultés que ces professionnels rencontrent au quotidien, 78 % déclarent être souvent confrontés au déni des personnes suivies, 71 % à leur isolement social et familial et 61 % au refus des aides proposées. Ils sont aussi 85 % à rencontrer souvent des situations d’épuisement chez les aidants familiaux.

Par ailleurs, la diversité des réponses apportées sur la question du partage des informations auxquelles ils ont accès montre que les pratiques dans ce domaine ne sont pas clairement établies. A titre d’exemple, « en matière de communication de la synthèse de l’évaluation multidimensionnelle aux partenaires intervenant auprès de la personne suivie, 30 % des gestionnaires de cas déclarent ne pas la communiquer ; 25 % le font à l’ensemble des partenaires (même si ce n’est systématique que pour 11 %) ; 39 % la communiquent à certains partenaires seulement (12 % de façon systématique) », peut-on lire dans l’étude.

Egalement interrogés sur les apports spécifiques de leur métier et « les principaux éléments qui, selon eux, distinguent la gestion de cas des autres formes d’accompagnement à domicile », les gestionnaires de cas mettent en avant la relation privilégiée avec la personne, devant la prise en compte de tous les aspects de sa vie et le temps dédié à la coordination. Par ailleurs, « 96 % des gestionnaires de cas répondants indiquent que leur métier d’origine, quel qu’il soit, les aide souvent dans leurs relations avec les personnes auprès desquelles ils interviennent, 86 % dans leurs relations avec les professionnels et les services de santé et 83 % dans les relations avec les professionnels du champ médico-social et social ». Et assez naturellement, « lorsqu’ils ont reçu une formation du champ sanitaire, 95 % des gestionnaires de cas estiment que celle-ci les aide souvent dans leurs relations avec les services de santé contre 72 % de ceux ayant reçu une formation du champ social. Inversement, 91 % des gestionnaires de cas issus d’une formation du champ social considèrent qu’elle les aide dans leurs relations avec les services sociaux et médico-sociaux. »

Pour des outils plus harmonisés

Cette enquête a en outre permis d’identifier les besoins des gestionnaires de cas : sur le plan institutionnel, 72 % mentionnent en premier lieu une meilleure intégration des services, 40 % demandent qu’il y ait plus d’accompagnement de l’agence régionale de santé et 30 % souhaitent plus d’écoute de la part de leur hiérarchie et des institutions. De même, « entre 29 % et 16 % des gestionnaires de cas souhaitent une meilleure articulation, prioritairement avec les conseils départementaux ». Autres demandes, citées par 6 % des professionnels : « avoir plus d’autonomie, plus de compréhension de la part du porteur du dispositif, disposer d’une aide juridique, aplanir leurs difficultés avec le pilote ».

Sur le plan des pratiques professionnelles, les trois quarts « ressentent un besoin de reconnaissance de l’identité professionnelle de la gestion de cas ». Ils sont également nombreux à être en attente de moyens techniques pour exercer leur fonction, notamment des outils (pour l’évaluation, le plan de service individualisé…) « mieux adaptés et harmonisés » ou un système d’information permettant des échanges entre tous les partenaires. Viennent ensuite des demandes pour une réflexion éthique dédiée à la gestion de cas (58 % des répondants), une charge moins élevée en situations suivies (53 %), une meilleure définition de leur cadre d’intervention (51 %) ou encore une analyse des pratiques (37 %). « Concernant leurs besoins de formation, 66 % des gestionnaires de cas mentionnent la formation aux maladies psychiatriques, 62 % au cadre juridique, 59 % à la médiation, 57 % à l’approche systémique de la gestion de cas et 50 % à l’éthique », poursuit l’étude.

Enfin, « invités à hiérarchiser, parmi une liste de cinq critères, ceux qui reflètent le mieux l’apport de la fonction de gestion de cas au niveau d’un territoire », 48 % des professionnels citent en premier « l’amélioration globale de la qualité de vie procurée aux personnes accompagnées » (82 % la citent dans les trois premiers).Près d’un quart (23 %) mentionnent d’abord l’intégration des services et des professionnels(73 % dans les trois premiers). Les trois autres critères (le renforcement des liens ville-hôpital, la diminution du fardeau des aidants familiaux et l’amélioration des pratiques des aidants professionnels) sont moins souvent placés en première position, cependant la diminution de la charge des aidants familiaux figure parmi les trois principaux critères pour 60 % des gestionnaires de cas.

Notes

(1) L’enquête a été menée du 18 janvier au 22 février derniers auprès de 700 professionnels, parmi lesquels 78 % ont répondu – La lettre de l’observatoire des dispositifs de prise en charge et d’accompagnement de la maladie d’Alzheimer n° 41 – Avril 2016 – En ligne sur www.fondation-mederic-alzheimer.org.

(2) Voir ASH n° 2544 du 8-02-08, p. 5.

(3) Sur le métier de gestionnaire de cas, voir notre « Décryptage » dans les ASH n° 2818 du 12-07-13, p. 30 et le « Vos pratiques » dans les ASH n° 2878 du 10-10-14, p. 26.

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