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« Accompagner la solidarité des particuliers pour les réfugiés »

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Le SAMU social de Paris lance une expérimentation, baptisée Elan, visant à encadrer l’hébergement par des particuliers de réfugiés, avec un accompagnement global de ces derniers et un appui professionnel aux accueillants. Explications de Nadège Letellier, responsable du projet.
Comment cette initiative est-elle née ?

Compte tenu de l’intervention du SAMU social de Paris dans la prise en charge des migrants et de la multiplication des évacuations de campements depuis un an, il nous a paru intéressant d’accompagner l’élan de solidarité des particuliers proposant chez eux un hébergement. L’objectif est de sécuriser cet accueil temporaire, en lui permettant de se structurer, tant sur le plan éthique qu’organisationnel. Dès la fin 2015, nous avons rencontré l’association Singa – qui a recensé 17 000 propositions d’accueil, dont 1 600 en Ile-de-France –, puis décidé de lancer une expérimentation de un an. Soutenue financièrement par la Fondation BNP Paribas, elle vise à proposer un cadre formalisé aux familles bénévoles et aux personnes accueillies, et pour ces dernières un accompagnement global afin de renforcer leurs chances de s’insérer rapidement.

Votre dispositif visait-il à s’inscrire dans le « plan migrants » du gouvernement ?

Il est mené à petite échelle mais a une vocation plus large : nous l’ouvrons aux personnes, seules ou en couple, ayant obtenu le statut de réfugiés, qui sortent de centres d’accueil pour demandeurs d’asile, de centres d’hébergement ou qui dorment à la rue, que nous identifions via différents partenaires. L’association Singa, mais aussi le Diocèse de Paris et un appel lancé sur notre site, relayé par la Ville de Paris – qui vient d’ailleurs d’annoncer son souhait de s’engager financièrement –, permettent de nous rapprocher des familles d’accueil. Toutefois nous travaillons avec la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement qui souhaite, d’ici à cet été, définir un cadre réglementaire pour cette forme d’habitat temporaire, pour faire suite à la circulaire de novembre dernier sur les modalités d’accueil des réfugiés localisés(1). Mais, plus largement, nous espérons que ce dispositif expérimental permettra de modéliser les conditions de réussite d’un hébergement accompagné de personnes sans domicile chez des particuliers.

Comment le dispositif fonctionne-t-il ?

Nous entrons dans la phase opérationnelle du projet, à Paris et dans la petite couronne, qui va concerner 100 réfugiés, ce qui correspond à notre budget et est un panel suffisant pour pouvoir évaluer le dispositif. L’accueil de la personne est précédé par un processus d’évaluation de ses besoins et par la préparation de la famille d’accueil, lors d’une réunion collective puis d’une visite à domicile. Pour assurer la stabilité résidentielle, nous avons travaillé à trois formes de contractualisation. L’une concerne le dispositif et la personne accueillie, qui s’engage à mettre en œuvre les démarches liées à son insertion et à participer de manière symbolique à son hébergement, sachant que les personnes ont du mal à se projeter lorsqu’elles se sentent redevables. Un autre aspect de la contractualisation lie le dispositif et la famille d’accueil, qui s’engage à accueillir la personne dans une chambre décente pour une durée minimale de trois mois, renouvelables jusqu’à un an, en offrant une hospitalité de l’ordre de l’échange, ce qui contribue à aider la personne migrante à s’insérer dans sa société d’accueil. Si la famille a de faibles ressources, nous pouvons lui proposer une participation aux frais d’énergie et d’alimentation. Un autre volet concerne les règles de cohabitation entre la famille et la personne accueillie.

En quoi l’accompagnement consiste-t-il ?

Notre équipe dédiée va être constituée de quatre travailleurs sociaux – chaque personne ayant un travailleur social référent –, de deux psychologues et de deux conseillers en insertion professionnelle. Une cellule de médiation peut être mise en œuvre en cas de difficulté de cohabitation. De même, nous proposons une supervision régulière aux accueillants afin de les accompagner. Nous concevons l’accueil chez des particuliers comme une solution de courte durée, un tremplin avant l’obtention d’un logement. Nous souhaitons pour cela mobiliser le logement du parc privé, ce qui n’est possible qu’en cas d’insertion dans l’emploi, grâce à un accompagnement global renforcé et au soutien des accueillants. Dans cette perspective d’insertion rapide, un autre type de solution plus adapté doit être proposé aux personnes dans une situation très complexe, avec des problématiques sanitaires importantes par exemple.

Notes

(1) Voir ASH n° 2936 du 4-12-15, p. 46.

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