Recevoir la newsletter

Manuel Valls souhaite des centres pour « radicalisés » dans chaque région en 2017

Article réservé aux abonnés

Donner « une impulsion renouvelée » à la lutte contre une « idéologie du chaos » qui « glorifie la mort ». Tel était le but de la présentation par le Premier ministre, le 9 mai, d’un plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme, deux ans après celui qui a été lancé par le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve(1). Un catalogue de 80 mesures hétéroclites – dévoilées à l’issue d’une réunion gouvernementale de deux heures(2) – visant à détecter, à prévenir et à tenter d’inverser les parcours de radicalisation, et mêlant des propositions inédites à des dispositions déjà annoncées ou même lancées. Le plan reprend par exemple plusieurs mesures du projet de réforme pénale en cours d’examen au Parlement, comme la refonte du renseignement pénitentiaire ou bien encore la possibilité d’une perpétuité réelle pour les auteurs d’actes de terrorisme.

La prise en charge des « radicalisés »

C’est la mesure phare du plan : le gouvernement annonce la création dans chaque région, « d’ici fin 2017 », d’un « centre de réinsertion et de citoyenneté ». Des structures d’un nouveau genre(3) au taux d’encadrement « très élevé » qui, selon les cas, viseront l’un ou l’autre des publics suivants :

→ les personnes en voie de radicalisation à l’égard desquelles le centre appliquera un programme de nature préventive ;

→ les personnes déjà radicalisées à l’égard desquelles le centre mettra en œuvre un dispositif plus marqué de « désengagement ».

Le premier centre ouvrira cet été en Indre-et-Loire, avec de jeunes volontaires. Un deuxième, prévu d’ici à la fin de l’année, « traitera des cas plus lourds », dont des repentis de retour de Syrie, a expliqué le Premier ministre, précisant que « au moins la moitié » des futurs établissements accueilleront, « à la demande de l’autorité judiciaire », des personnes qui « ne peuvent être placées en détention ».

Plus globalement, le gouvernement entend « doubler en deux ans les capacités de prise en charge » des jeunes actifs embrigadés dans les réseaux jihadistes – ou pouvant rejoindre leurs rangs – et de leurs familles. Actuellement, 1 600 jeunes et 800 familles font l’objet d’un « accompagnement adapté » par les cellules de suivi des préfectures de leur département. Dans le même temps, selon le dernier décompte de Matignon, « près de 9 300 personnes » ont été signalées pour radicalisation violente (dont 30 % de femmes et 20 % de mineurs).

Pour financer ces mesures, le Fonds interministériel de prévention de la délinquance, déjà abondé de 20 millions d’euros supplémentaires en 2015 pour la lutte antiterroriste, recevra 20 millions de plus par an en 2016 et en 2017.

Une « cellule nationale de coordination et d’appui » à l’action des préfets, des collectivités et des associations sera par ailleurs créée au sein du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (lequel verra ses effectifs renforcés). « Elle diffusera une information complète à tous les acteurs pour les aider à monter leurs projets de prise en charge », indiquent les services du Premier ministre. « Elle disposera d’une capacité de projection régulière sur le terrain, sur sollicitation des acteurs locaux, afin d’apporter un soutien au démarrage, à la mise au point ou à l’évaluation d’action de prise en charge ».

Un partenariat renforcé avec les collectivités

« Au-delà des services de l’Etat, les collectivités territoriales ont un rôle essentiel à jouer pour contribuer à la détection et au signalement des situations de radicalisation que leurs agents publics peuvent constater », indique encore Matignon. Si les conseils départementaux participent déjà aux cellules préfectorales de suivi pour la prévention de la radicalisation et l’accompagnement des familles, en articulation avec les services de l’Etat et les associations, le gouvernement souhaite aller plus loin dans le partenariat avec les collectivités. Comme annoncé, un plan d’actions contre la radicalisation, contractualisé entre l’Etat et la collectivité, devra ainsi être inscrit dans chaque contrat de ville avant la fin 2016. « Adapté à l’intensité du phénomène localement mesuré », ce plan déterminera les actions de suivi et de prise en charge à déployer, « en fixant des objectifs quantitatifs et qualitatifs ». Par ailleurs, « afin de renforcer la mobilisation de l’ensemble des acteurs, de confronter les expériences et de faciliter la diffusion des bonnes pratiques », le gouvernement organisera en juin, à Paris, une rencontre nationale des collectivités territoriales autour des enjeux de la lutte contre la radicalisation et de la prise en charge des personnes radicalisées. Les grands réseaux associatifs et les opérateurs de services publics intéressés seront conviés à y participer.

Notes

(1) Voir ASH n° 2862 du 30-05-14, p. 39.

(2) Il s’agissait du tout premier « comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation » – Voir ce numéro, p. 44.

(3) Voir ASH n° 2935 du 27-11-15, p. 52.

Côté cour

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur