Alors que l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) a publié, le 3 mai, son premier rapport sur la situation dans les nouveaux quartiers prioritaires (voir ce numéro, page 5), une étude de l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) rendue publique en parallèle recoupe en grande partie ses constats. Elle confirme que les quelque 4,8 millions d’habitants des 1 296 quartiers de la politique de la ville en métropole présentent d’autres facteurs de fragilité sociale que les seuls critères de revenus et de niveau de vie, et notamment des difficultés d’insertion professionnelle particulièrement élevées(1).
De fait, ces quartiers concentrent, par définition, « une part importante de la pauvreté monétaire des zones urbaines », puisque 42 % de leurs habitants, en moyenne, ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté (de 37 % des habitants des zones prioritaires franciliennes à plus de 47 % en Provence-Alpes-Côte-d’Azur et en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées). Trois régions – Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais-Picardie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur – rassemblent d’ailleurs plus de la moitié (58 %) de la population concernée, rappelle l’INSEE, en précisant cependant que peuvent y coexister « des populations très différentes ».
De manière générale, les habitants des zones prioritaires « s’insèrent plus difficilement sur le marché du travail que la population » des unités urbaines qui les englobent, décrivent les auteurs de cette étude. En effet, « un quart des ménages y perçoit des allocations chômage, soit huit points de plus que dans les unités urbaines les contenant ». Et parmi les personnes en emploi, « une sur cinq a signé un contrat précaire (contrat à durée déterminée, apprentissage, intérim, stages) » (contre une sur sept). Quant aux femmes de ces quartiers, « 58 % d’entre elles n’ont pas d’emploi » (contre 41 %). Cette précarité vis-à-vis de l’emploi est particulièrement prononcée dans les régions Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Bourgogne-Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.
« Les difficultés d’insertion sur le marché du travail sont concomitantes avec un déficit de formation et de qualification dans les quartiers de la politique de la ville », poursuit l’INSEE, qui fait aussi le lien avec une réussite scolaire plus faible qu’ailleurs. « Le retard scolaire à l’entrée en sixième pour les élèves y est plus fréquent (22 %) que pour ceux des unités urbaines les contenant (12 %). » Un écart élevé dans les Pays de la Loire, en Bretagne et dans le Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, où « les trois quarts des habitants de 15 ans ou plus (non scolarisés) [des quartiers prioritaires] sont sans diplôme ou bien ont un diplôme inférieur au baccalauréat contre un peu plus de la moitié de ceux des unités urbaines “englobantes” ». Dans les zones prioritaires de Normandie, Bourgogne-Franche-Comté et Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, c’est le cas de 80 % des habitants non scolarisés de 15 ans ou plus.
(1) « Les habitants des quartiers de la politique de la ville : la pauvreté côtoie d’autres fragilités » – INSEE Première n° 1593 – Disponible sur le site de l’INSEE, qui publie aussi des données complémentaires et une série d’analyses régionales.