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Chômage, éducation, santé… : le sombre constat de l’ONPV sur les quartiers prioritaires

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Quelques mois après son installation officielle, l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) a publié, le 3 mai, son premier rapport, relatif à l’année 2015(1). Un document qui s’apparente aux éditions précédentes du rapport de l’Observatoire national des zones urbaines sensibles (ONZUS), qu’il a absorbé. Niveau de vie, emploi, éducation, santé… il décrit la situation dans les nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville – lesquels, rappelons-le, ont été définis en fonction notamment de leur taux de pauvreté(2). Une analyse qui révèle une réalité économique et sociale difficile, avec en particulier une situation de l’emploi qui se dégrade (voir aussi, sur le même sujet, l’étude de l’INSEE, ce numéro, p. 14).

Pour mémoire, les nouveaux quartiers de la politique de la ville sont au nombre de 1 296 – regroupant 4,8 millions d’habitants – dans l’Hexagone et 140 dans les départements d’Outre-mer. Ils se situent pour près de la moitié d’entre eux dans d’anciennes zones urbaines sensibles (ZUS) et pour un tiers dans d’anciens quartiers couverts par un contrat urbain de cohésion sociale (CUCS). Au niveau départemental, c’est la Seine-Saint-Denis qui concentre la plus forte population en quartiers prioritaires (un huitième de la population en politique de la ville de la France métropolitaine). « Quatre habitants sur dix résident en quartier prioritaire dans ce département. »

Un chômage très élevé et une précarité plus forte

La population présente, dans ces quartiers, « des caractéristiques déjà décrites par les rapports de l’ONZUS » quoique, remarque l’observatoire, « dans des proportions plus prononcées ».

« La population est jeune, peu scolarisée et plus souvent étrangère. » De plus, « les familles monoparentales sont deux fois plus fréquentes que dans les agglomérations où ces quartiers se situent ».

Les résidents des quartiers prioritaires se trouvent davantage qu’ailleurs dans une situation précaire à l’égard de l’emploi. Le taux de chômage des 15-64 ans dans ces quartiers s’élève à 26,7 % contre à peine 10 % dans le reste des agglomérations (selon des statistiques portant sur l’année 2014). Il touche tous les niveaux de qualification, atteignant même 18,8 % pour les niveaux bac + 2 et plus, soit un niveau trois fois plus élevé qu’ailleurs.

La population inactive représente 40 % de la population en âge de travailler, contre 28 % en dehors. L’ONPV souligne au passage que les inactifs souhaitant travailler, mais en proie à des problèmes de santé, des difficultés de garde d’enfants ou au découragement sont proportionnellement deux fois plus nombreux en quartiers prioritaires.

Au total, moins d’un habitant sur deux y est en emploi et dans des conditions plus précaires qu’ailleurs. Ils sont en effet plus souvent en contrat à durée déterminée, en intérim ou à temps partiel « subi ». La majorité occupe des métiers moins qualifiés, y compris chez les diplômés de niveau bac + 5.

36 % des foyers bénéficiaires du RSA

Au sein des quartiers prioritaires en France métropolitaine, 1,4 million de foyers sont couverts par les caisses d’allocations familiales. « Cela représente 3,3 millions d’habitants, soit deux habitants des quartiers prioritaires sur trois, contre moins d’un habitant sur deux sur le reste de l’Hexagone. »

Parmi les enfants de la population allocataire résidant en quartiers prioritaires, deux sur trois vivent dans un foyer à bas revenu, soit deux fois plus que dans les agglomérations environnantes.

Sur 1,4 million de foyers, près de 36 % sont bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), contre 19 % des foyers allocataires situés en dehors de ces quartiers.

Une réussite scolaire en berne

Au moins deux collégiens sur trois résidant en quartier prioritaire fréquentent un établissement à faible mixité sociale, très souvent classé en réseau d’éducation prioritaire.

Les taux de réussite scolaire sont par ailleurs bien inférieurs chez les élèves issus de ces quartiers. Les écoles publiques les accueillant atteignent 75,6 % d’obtention du brevet des collèges, contre 86,1 % dans les collèges publics n’ayant aucun élève résidant en quartier prioritaire.

Une offre de soins plus faible

Enfin, côté soins, l’ONPV constate que, « à l’instar des zones urbaines sensibles en 2012, les quartiers prioritaires souffrent d’un déficit généralisé en offre de soins » (professionnels libéraux de proximité, établissements de santé, offre médico-sociale). Les médecins spécialistes libéraux sont ainsi 3,4 fois moins présents dans les quartiers prioritaires que sur l’ensemble de leurs agglomérations. Il en va de même pour les établissements hospitaliers, eux aussi 3,4 fois moins présents dans les quartiers prioritaires.

A noter : la secrétaire d’Etat à la ville, Hélène Geoffroy, s’est vu remettre le rapport de l’ONPV le jour même de sa publication. Dans un communiqué, elle a indiqué que, si toutes les données présentées « ne peuvent surprendre alors même que les quartiers de la politique de la ville ont été définis depuis la réforme de la géographie prioritaire comme étant ceux où se concentrent les difficultés sociales, [elles] constituent un aiguillon puissant pour l’action du gouvernement dans les quartiers ».

Notes

(1) Rapport disponible sur www.onpv.fr.

(2) Cette nouvelle géographie prioritaire prend la suite des zones urbaines sensibles (ZUS), qui ont constitué les principaux territoires d’intervention de la politique de la ville de 1996 à 2014.

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