« Comment agréger des données lorsqu’elles n’existent pas ? », s’interroge Anne Cinget, chargée de mission à la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement. De fait, alors que les diagnostics à 360° visent la compilation de chiffres déjà existants et pas leur production, les services déconcentrés départementaux ont souvent rencontré des difficultés à remplir la maquette type proposée sur le plan national – tout particulièrement en ce qui concerne le secteur de l’hébergement.
« Traditionnellement, le champ de la cohésion sociale est moins outillé que le secteur du logement en matière de collecte de données fiables. Il faut donc pallier cette insuffisance, mais cela prend du temps », pointe Anne Cinget. « Nous avions beaucoup de données sur le logement, mais quasiment rien en ce qui concerne la veille sociale et l’hébergement : ils restent les parents pauvres en la matière », confirme Olivier Lehmann, responsable du pôle « ingénierie sociale » au sein de la direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) de la Sarthe. Aussi, dans ce département, le diagnostic à 360° a-t-il été l’occasion pour les services déconcentrés de se rapprocher des spécialistes de l’analyse de données, et notamment des statisticiens travaillant au sein de l’Observatoire de l’habitat du département. « On partait de loin, mais nous avons aujourd’hui une vraie stratégie de recueil et d’analyse des données. D’ailleurs, la DDCS mobilise désormais un demi-équivalent temps plein sur ces questions », souligne Olivier Lehmann.
Sur le plan régional, les diagnostics réalisés dans les autres départements des Pays de la Loire ont mis à jour des lacunes similaires : « Les diagnostics à 360° sont une opportunité pour mieux structurer l’observation régionale via la sélection d’indicateurs pertinents et la construction d’une véritable méthode d’analyse. Nous avons commencé à travailler avec la DRJSCS [direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale] pour harmoniser l’analyse des données de l’hébergement d’urgence et créé un bulletin semestriel sur les chiffres des services intégrés d’accueil et d’orientation [SIAO] à l’échelle des Pays de la Loire », explique François Lebrun, chef de projet à la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) Pays de la Loire. Les diagnostics départementaux ont également été moteurs dans la réalisation d’« enquêtes flash » (qui permettent d’avoir une vision quantitative des typologies de publics hébergés par dispositifs sur un jour donné) en lien avec les SIAO. « Le travail de coordination avec ces services pour faire émerger les données n’en est toutefois qu’à ses prémices », nuance François Lebrun.
Pour faciliter la lisibilité des informations recueillies par les SIAO à l’échelle nationale, un logiciel spécifique, le système d’informations SIAO, devrait à terme être généralisé sur l’ensemble du territoire(1). « En matière de données, les SIAO sont une porte d’entrée privilégiée dans la mesure où ils sont en position d’observateurs de l’offre disponible et des besoins d’hébergement. Encore faut-il qu’ils ne fournissent pas que leurs tableurs mais soient associés au décryptage des données », avance Ninon Overhoff, chargée de mission à la FNARS.
(1) A l’heure actuelle, il coexiste avec un autre logiciel, proposé et développé par la FNARS.