Voilà vingt ans que Jean-François Joly photographie les Roms… La Maison européenne de la photographie, à Paris, présente pour la première fois au public une trentaine de tirages noir et blanc (moyen et grand formats) qu’il a réalisés à travers l’Europe entre 1998 et 2013. Dans le prolongement de son travail sur les naufragés politiques, sociaux et ethniques, l’artiste s’est interrogé dans cette série inédite sur la condition des Roms en Roumanie, au Kosovo, en France et en Macédoine. Partout, les mêmes visages tristes et durs, empreints peut-être d’une certaine lassitude, celle d’être une communauté « continuellement exclue », la plupart du temps forcée de s’installer en périphérie des villes dans des logements de fortune. Cette galerie de portraits est plus particulièrement consacrée à des « exilés sans terre » qui ont fui leur lieu d’origine, et continuent de le faire. Ceux de Cluj-Napoca, grande ville de Roumanie, qui fouillent dans la décharge municipale, de jour comme de nuit, à la recherche de métaux, de plastique et parfois même de nourriture. Les 1 500 Roms d’Obili ?, au Kosovo, dont les maisons ont été brûlées et les biens détruits après le conflit serbo-kosovar en 1998-1999. Ceux de Macédoine, qui n’ont aucune reconnaissance légale ou administrative, ce qui les maintient au rang de citoyens de seconde zone. Et enfin, en France, ceux des bidonvilles de Gerland, à Lyon, d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) et de Ris-Orangis (Essonne), qui y vivent dans des conditions d’hygiène déplorables.
Terres d’exil
Jean-François Joly – Jusqu’au 5 juin, à la Maison européenne de la photographie – 5-7, rue de Fourcy, Paris IVe – Entrée : 4,5-8 € – Recueil de photos Terres d’exil (Filigranes Editions), 10 €