Des arbres qui ne connaissent pas leurs fruits

A contre-pied de tous les défaitistes, Laurent Ott prouve le mouvement en marchant. Chercheur et praticien en travail social, qui développe depuis plus de dix ans des modes d’intervention socio-éducatifs dans l’espace public, l’auteur revient ici sur les tenants et les aboutissants de sa démarche et de son engagement. A l’instar de Gandhi, selon lequel « la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence », Laurent Ott explique que la philosophie sociale, qu’il entend promouvoir auprès de « tous les acteurs sociaux et éducatifs », ne part pas de l’idéal à atteindre pour dessiner le chemin permettant d’y mener : le voyage prévaut sur le point d’arrivée, c’est-à-dire que « le programme est dans l’enfant, il est l’enfant lui-même ». Aux enseignants et éducateurs de donner à ce dernier matière à déployer ses capacités. Très inspiré de la pédagogie Freinet, ancrée dans la réalité et visant à la transformer, Laurent Ott appelle à « prendre la vraie vie pour école et centre de formation ». Ce qui signifie ne pas travailler « sur » (la confiance, la relation, la parentalité) mais « avec » (les enfants, les adultes, les groupes), et se livrer ensemble à une activité concrète qui a du sens. « Tout est dans le moment et dans la qualité des moments que nous saurons créer et mettre en œuvre, dans tout environnement, même le pire », défend l’auteur, qui prône une intervention sociale inconditionnelle bâtie dans l’ici et maintenant de la rencontre. Le résultat de ce travail ? « Il est rendu ailleurs, à autrui, à des gens dont nous n’avons pas idée […]. Nous sommes comme des arbres qui ne connaissons pas nos fruits. »