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Le HCSP plaide pour une stratégie nationale de santé sexuelle prenant en compte l’âge et le handicap

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Répondant à une saisine de la direction générale de la santé, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) s’est, dans un rapport et un avis qui viennent de paraître(1), penché sur la question de la prise en charge de la « santé sexuelle[2] et reproductive », actuellement « morcelée entre de nombreuses institutions et dans différents plans et politiques de santé publique ». Une problématique à laquelle le HCSP répond par une approche globale, appelant à la mise en place d’une « stratégie nationale de santé sexuelle » qui remplacerait l’approche actuelle « par pathologie et par risque » tout en prenant en compte les spécificités de certains publics (migrants, personnes détenues, personnes prostituées, personnes homosexuelles…). « Etant donné l’impact de la santé sexuelle sur la santé » d’une personne, l’instance souligne ainsi l’importance « d’une prise en compte volontariste de cette dimension au cours de la consultation médicale et dans l’information et l’éducation à la santé des enfants et des parents » mais aussi de « certains groupes de population ». Et notamment les personnes âgées et les personnes handicapées, populations qui « nécessitent une attention particulière et une considération spécifique »,eu égard aux représentations dont elles font l’objet ainsi qu’aux risques d’exposition notamment infectieux.

Personnes âgées

Le constat dressé par le HCSP n’est pas nouveau. La vie sexuelle des personnes âgées – comme celle des personnes en situation de handicap – reste un sujet tabou que la société et les institutions peinent à reconnaître. « Bien que les différentes enquêtes démontrent que l’avancée en âge n’empêche pas une vie sexuelle active et heureuse, l’image d’un grand âge asexué persiste dans l’opinion générale et chez les professionnels du soin et du secteur médico-social », écrit le Haut Conseil. Certains seniors ont ainsi intériorisé les attitudes négatives de la société et se perçoivent comme asexués, tandis que la question est « occultée dans la plupart des établissements pour personnes âgées ». Un certain nombre d’actions sont toutefois initiées pour résoudre ces difficultés. Le HCSP évoque notamment une formation inédite du personnel soignant mise en place par un groupement d’établissements pour personnes âgées dépendantes du Finistère, pour faire évoluer les représentations des professionnels sur la sexualité des seniors et lutter contre leur asexualité présupposée. Mais, souligne-t-il, ces initiatives sont locales et mériteraient d’être recensées et évaluées. Des actions « sexoéducatives » pourraient également être menées en direction des personnes âgées elles-mêmes.

Personnes handicapées

Comme l’âge, le handicap n’implique pas un renoncement au plaisir, indique encore le Haut Conseil. Mais, pour autant, comme pour les seniors, « il n’est pas rare » de voir des personnes en situation de handicap « subir un processus d’infantilisation qui tend à en faire des êtres asexués ». Or des études ont montré « qu’il existait une relation entre le bien-être sexuel et le bien-être psychologique global chez les personnes ayant un handicap physique » et que cette relation est plus forte que dans la population générale, souligne le HCSP. Quant aux personnes qui présentent un handicap mental, elles ont « autant besoin d’amour, d’affection et de relations interpersonnelles que les autres ». Le manque d’information et l’absence d’une éducation spécifique sont notamment pointés comme obstacles au « développement d’une sexualité harmonieuse » aux différents groupes de personnes handicapées.

De manière générale, insiste encore le Haut Conseil, les personnes handicapées ont un risque d’infection par le VIH au moins égal, voire supérieur à la population générale, mais font rarement l’objet d’interventions adaptées de prévention et de dépistage. Elles sont également fréquemment victimes d’abus sexuels en raison de nombreux facteurs de vulnérabilité. A cette « augmentation des risques » – et au manque d’informations – s’ajoutent des limitations liées à leurs conditions de vie (manque d’intimité liée à la nécessaire intervention d’un tiers pour les activités courantes ou du fait de la vie en institution, isolement social…).

Face à ce constat, diverses actions de formation sont toutefois mises en place dans le cadre d’initiatives régionales ou locales. Pour le HCSP, un recensement de ces programmes, assorti d’une évaluation, permettrait de capitaliser et de diffuser ces expériences. Par ailleurs, s’agissant plus spécifiquement des personnes en situation de handicap en établissement, il préconise notamment – et la recommandation vaut également pour les personnes âgées en établissement – de faire reconnaître la vie sexuelle au sein du règlement intérieur, d’« aménager de l’espace dans le respect d’une vie sociale et intime », de former les personnels des structures ou bien encore de mettre en place au sein des établissements des programmes de santé sexuelle.

Notes

(1) Disp. sur www.hcsp.fr.

(2) Selon l’Organisation mondiale de la santé, « la santé sexuelle est un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social lié à la sexualité ». Elle nécessite « une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles, ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles sources de plaisir et sans risques, ni coercition, discrimination et violence ».

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