La déception prévaut chez les trois organisations syndicales représentant les salariés des services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP), qui étaient reçues par le garde des Sceaux le 19 avril. Deux semaines plus tôt, le collectif CGT Insertion-probation, le Syndicat national de l’ensemble des personnels de l’administration pénitentiaire (Snepap)-FSU et la CFDT Interco-justice lui avaient exposé leurs revendications, sur fond de mobilisation des services pour la reconnaissance de leurs missions et l’amélioration de leurs conditions de travail(1). Jean-Jacques Urvoas avait alors annoncé l’ouverture de discussions et renvoyé la présentation de « réponses techniques précises » à une deuxième rencontre. Lors de celle-ci, le ministre a « proposé un calendrier précis pour permettre de nouer des discussions autour d’une réforme statutaire », ont indiqué ses services dans un communiqué. Il a également signalé « son souhait d’intégrer les revendications indemnitaires dans le cadre des négociations interministérielles présidant à la définition du budget du ministère de la Justice ». Mais les syndicats déplorent n’avoir « aucune visibilité » sur ces intentions, dont le sort reste lié aux contraintes budgétaires qui pèsent sur les services de l’Etat. A propos de la question des statuts, Jean-Jacques Urvoas « a évoqué un projet finalisé en avril 2017, à la veille de l’élection présidentielle », après quoi les textes devront encore poursuivre leur circuit de validation, précise au nom de l’intersyndicale Delphine Colin, cosecrétaire nationale du collectif CGT Insertion-probation. Les trois syndicats regrettent en outre l’absence de « mention des objectifs » de ces discussions et d’« engagement sur l’accès aux catégories A type et A+ ». Au fil des échanges, le ministre est convenu de leur transmettre « une proposition d’orientations qui feront l’objet d’analyses des organisations syndicales puis de groupes de travail thématiques », rapportent-ils.
Quant aux moyens des SPIP, autre principal sujet de revendication, « entre 2014 et 2017, le budget aura crû de 85 % et 1 000 personnes auront été recrutées », fait savoir le cabinet du garde des Sceaux. Soit, au mieux, la réalisation sur quatre ans de l’objectif triennal initial, déplorent les syndicats. A la fin 2016, plus de 200 postes devraient manquer à l’appel par rapport aux annonces de 2013. Seule décision concrète, soulignent-ils : l’arrêt du système de la pré-affectation des stagiaires de deuxième année dès la promotion 2016.
« Les discussions se poursuivent donc afin de prendre en considération la place importante occupée par les SPIP dans la prise en charge de la population pénale »,conclut brièvement le communiqué du ministère. Estimant que les « engagements fermes sont quasi inexistants », les syndicats continuent d’appeler à une manifestation nationale, le 10 mai à Paris.