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Emmaüs Connect veut former un million de personnes au numérique d’ici à 2020

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En 2016, la demande de prime d’activité, entrée en vigueur au 1er janvier, ou encore l’inscription à Pôle emploi sont devenus des services dématérialisés. Si cette tendance au 100 % Web, en constante accélération, facilite les démarches d’une grande majorité d’usagers, elle creuse encore un peu plus la fracture numérique. Selon l’estimation d’Emmaüs Connect, fondée sur les statistiques annuelles de l’INSEE sur la pauvreté(1) et le Baromètre du numérique réalisé par le Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie), cinq millions de personnes en France cumuleraient précarités sociale et numérique. L’association, qui s’emploie depuis trois ans à réduire ces inégalités(2), vient de franchir une étape supplémentaire en lançant, le 13 avril, WeTechCare (wetechcare.org), une « start-up sociale qui a pour mission de développer des services Web à destination des publics fragiles ».

L’objectif est d’accompagner un million de personnes d’ici à 2020, en s’appuyant sur des plate-formes Web pensées pour les usagers en difficulté. Dès 2016, deux vont être lancées, Clicnjob et Les Bons Clics. La première, qui sera opérationnelle en mai (une version bêta est déjà expérimentée), vise à accompagner les jeunes en difficulté – plus largement ceux que l’on désigne par l’acronyme « NEET »(3) – dans leur parcours d’insertion professionnelle. « Le principe est de leur donner des outils ludiques – quiz, vidéos… – leur permettant de construire leur parcours », explique Cécilia Creuset, directrice des opérations de WeTechCare. Ils ont également accès à des applications pratiques, tel un générateur de CV, adapté au profil du public visé. A titre d’exemple, si un jeune renseigne une adresse mail un peu folklorique, une fenêtre va s’afficher afin de lui demander s’il s’agit d’une adresse à usage professionnel, en l’incitant à choisir un courriel plus formel. Une entrée est par ailleurs prévue pour les professionnels : « Ils vont pouvoir animer des ateliers collectifs, en présentiel ou à distance, ce qui peut être intéressant pour une mission locale en milieu rural, illustre Cécilia Creuset. On construit des usages différents selon les publics. »

La deuxième plate-forme portée par WeTechCare, Les Bons Clics, a, elle, vocation à toucher les publics fragiles éloignés du numérique, quel que soit leur âge. « L’objectif est de les aider à acquérir les compétences numériques essentielles pour accéder aux services en ligne », poursuit Cécilia Creuset. Parmi les 35 compétences identifiées, le fait d’avoir une adresse mail et de savoir bien l’utiliser, sachant que la plupart des services, en particulier sociaux, ont recours à cet outil pour échanger avec les usagers. « Cette plate-forme répond à un intérêt fort des professionnels de l’action sociale, un secteur très percuté par la dématérialisation, comme l’a montré une enquête d’Emmaüs Connect[4], argumente la directrice des opérations de WeTechCare : 75 % des travailleurs sociaux doivent faire les démarches à la place des publics et moins de 10 % sont formés dans ce domaine du numérique. »

Ces deux plate-formes ont été développées « dans une double perspective : parier sur le numérique tout en s’appuyant sur un réseau d’acteurs sur le terrain », explique-t-elle. Clicnjob a ainsi été conçu en partenariat avec des acteurs de l’insertion des jeunes, missions locales en tête(5), mais également écoles de la deuxième chance, centres régionaux d’information jeunesse… Autant de structures relais pour faire connaître et utiliser le site, qui sera par ailleurs accessible à tous les jeunes, qu’ils soient suivis ou non. Le déploiement de la plate-forme Les Bons Clics, prévu pour la fin de l’année, va pour sa part s’appuyer sur des structures départementales d’action sociale, les centres communaux d’action sociale, les espaces publics numériques… « Les deux projets sont fondés sur la même méthode, à savoir une vraie proximité avec les publics bénéficiaires, souligne Cécilia Creuset. Nous avons également utilisé les résultats d’études anthropologiques, sur l’utilisation des outils numériques par les jeunes pour Clicnjob et sur celle sur le numérique au sein de l’action sociale pour Les Bons Clics. »

Pour porter ce projet, Emmaüs Connect a bénéficié du soutien financier et technique de Google.org, « la branche philanthropique de Google », explique Florian Maganza, son responsable « Europe ». Google.org accompagne des associations qui développent des solutions innovantes pour répondre à des problèmes sociaux et/ou environnementaux. Dans le cadre de WeTechCare, nous apportons un financement d’un million d’euros pour développer les plate-formes, ainsi qu’un accompagnement par le mécénat de compétences, c’est-à-dire que nous mettons à disposition des employés de Google sur le projet, notamment un ingénieur qui conseille l’équipe un jour par semaine. » Autre apport du mastodonte de l’Internet : accompagner Emmaüs Connect dans le changement d’échelle nécessaire à la mise en œuvre de WeTechCare, dont les plate-formes vont être développées à l’échelle nationale.

Notes

(1) Voir ASH n° 2926 du 25-09-15, p. 24.

(2) Voir ASH n° 2807 du 26-04-13, p. 13.

(3) Pour « Not in Education, Employment or Training » (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire).

(4) Voir ASH n° 2954 du 1-04-16, p. 28.

(5) Voir ASH n° 2911 du 22-05-15, p. 20.

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