L’association a été fondée à la fin 2011(1), sur le constat qu’il existe de multiples formes d’autisme, de l’autisme sévère au syndrome d’Asperger, en passant par bien d’autres formes intermédiaires pour lesquelles il n’y a pas de solution : d’un côté, les structures d’accueil spécialisées ne sont pas adaptées et, de l’autre, les personnes touchées ne sont pas capables d’être complètement autonomes. Nous avons donc réfléchi à un dispositif nouveau d’habitat, qui s’inscrive dans le droit commun et permette de compléter l’existant en facilitant une démarche de parcours. L’objectif est aussi de changer le regard sur les personnes autistes.
Nous avons pris contact avec le bailleur social Notre logis, qui a été sensibilisé immédiatement et a réservé un terrain pour construire un immeuble de dix appartements situés dans un parc de vingt logements dans la commune de Roncq, dont le maire nous a beaucoup soutenus. Par ailleurs, comme le dispositif repose sur de l’habitat ordinaire couplé avec des services d’accompagnement, nous avons développé des liens avec l’AMFD Métropole Nord-Est(2) et l’association Les Papillons Blancs de Roubaix-Tourcoing. La première assure l’accompagnement au quotidien au titre de la PCH [prestation de compensation du handicap]. Quatre intervenants, trois AMP [aides médico-psychologiques] et une TISF [technicienne d’intervention sociale et familiale], viennent chaque jour sur les temps clés, le matin entre 7 heures et 9 heures et l’après-midi entre 17 heures et 21 heures. L’association Les Papillons blancs, via le Samsah [service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés] et le SAVS [service d’accompagnement à la vie sociale], intervient sur l’accompagnement éducatif et social. Sur le plan financier, l’association ISRAA a reçu une subvention de 35 000 € par an sur quatre ans (2012-2016) dans le cadre du fonds départemental de l’innovation pour élaborer, mettre en œuvre et évaluer ce dispositif.
Ils paient leur loyer, sont acteurs de leur vie. Ils n’ont pas un bail direct avec Notre logis, mais un « contrat d’adhésion » avec l’AMFD Métropole Nord-Est qui règle les loyers au bailleur et refacture ensuite à chaque jeune. Chacun vit en logement individuel, dans le même immeuble. Pour les aider dans leur vie quotidienne, nous avons développé des outils que nous ajustons au fur et à mesure. Nous travaillons beaucoup à base de visuels, de planning, de pictogrammes sur les gestes courants (régler le thermostat, répondre à l’interphone, etc.), mais également de tablettes tactiles dotées de logiciels de communication et de sécurisation. Il y a par ailleurs un appartement supplémentaire – où est installé le bureau des intervenants – et destiné à organiser des moments de vie collective (repas notamment), qui ne sont cependant pas obligatoires. La seule contrainte pour les locataires est d’assister à la « réunion de maison » hebdomadaire, durant laquelle sont évoqués la vie dans l’immeuble, le règlement intérieur, les activités, les sorties, les éventuelles difficultés… Tout est fait pour créer du lien entre eux et les amener à sortir de leur logement.
Les candidats ont rempli une demande administrative et un questionnaire préparé avec le centre ressources autisme (CRA) avant d’être reçus par le médecin de l’unité d’évaluation diagnostique du CRA, qui a confirmé, ou pas, la capacité du jeune à vivre dans le logement et élaboré le certificat médical nécessaire à la demande de PCH. Et c’est une commission d’attribution composée de représentants des trois associations partenaires et du CRA qui sélectionne les candidats prioritaires sur la liste des personnes éligibles. Aujourd’hui, dix adultes, âgés de 20 à 28 ans, ont intégré le site de Roncq fin décembre-début janvier, quinze sont sur liste d’attente. Notre souhait serait de pérenniser ce dispositif un peu partout en France…
(1) Contact :
(2) Spécialisée dans l’accompagnement à domicile.