Nouveau départ

En quittant Paris, Stéphane et les familles Moris et Withanagé laissent derrière eux « soucis et problèmes ». Ils s’installent à Aurillac, dans le Cantal, une région qui se dépeuple, et compte des logements sociaux vacants. A 43 ans, Stéphane n’a jusqu’ici jamais possédé les clés de son propre appartement. Dans la capitale, il a connu pendant quinze ans les foyers, les centres d’hébergement et la débrouille des nuits passées dans un hall d’immeuble ou un parking. Dans le documentaire Des clés dans la poche, la caméra de Stan et Edouard Zambeaux le suit lors de son installation à Aurillac, dans le cadre du dispositif « Un toit, un emploi ». Cette micro-initiative pilotée par l’association Aurore, en partenariat avec le bailleur social auvergnat Polygone, consiste à accompagner des personnes précaires vers le logement et l’emploi. Sous-titré Un toit pour une nouvelle vie, le film condense deux ans passés dans les pas de ces pionniers qui tentent de reprendre le contrôle de leur vie, et de ceux qui les soutiennent. En effet, pour éviter d’envoyer ces mal-logés parisiens sans accompagnement loin de la capitale, Aurore a détaché sur place un travailleur social chargé de trouver des débouchés professionnels et de favoriser l’adaptation des arrivants à leur nouvel environnement. A travers ces portraits, les deux réalisateurs ont voulu montrer « une expérience modeste au service de gens modestes, avec le mouvement et les incertitudes qui la caractérisent ». Si, pour Stéphane, les Moris et les Withanagé, ce nouveau départ (sur la base du volontariat et avec une période d’essai) est salvateur, c’est plus compliqué pour Hamza, sexagénaire, qui ne parvient pas à se décider entre son désir d’un logement pérenne à Aurillac et le choix de conserver le peu de vie sociale qu’il a réussi à se constituer pendant ses années à la rue à Paris.

Après deux années d’expérimentation, le projet « Un toit, un emploi » – dont la genèse est racontée dans ce film – prend de l’ampleur. Cinq familles ont rejoint le dispositif ou sont sur le point de le faire, et une vingtaine d’autres devraient prendre le chemin du Cantal au cours de cette année.