Lentement, mais sûrement, le taux global d’absence au travail dans l’économie sociale et solidaire (ESS) progresse, constate la mutuelle Chorum dans l’édition 2016 de son étude sur le sujet(1). Toujours inférieur à celui de l’ensemble du secteur privé (4,59 %), il est passé de 3,9 % à 4,3 % entre 2012 et 2014. Cette augmentation révèle une « dégradation de l’état de santé des salariés plus marquée dans l’ESS que dans le secteur privé lucratif », commente Chorum. Plus précisément, la multiplication des arrêts de courte durée (moins de sept jours) est « représentative d’une aggravation des facteurs de risques psychosociaux ».
Autre constat : plus une structure compte de salariés, plus le taux d’absentéisme est élevé. A l’inverse, « les toutes petites associations sont les moins touchées et ce sont aussi elles qui affichent la meilleure qualité de vie au travail ». Parmi les branches affichant les taux d’absentéisme les plus faibles figurent, selon l’étude, l’animation (1,8 %) et les ateliers et chantiers d’insertion (1,1 %), tandis que l’aide à domicile enregistre le taux le plus élevé (6,5 %). Ce chiffre atteint 4,6 % dans les services pour personnes inadaptées et handicapées, 5,3 % dans les établissements privés de soins, d’hospitalisation, de cure et de garde à but non lucratif et 3,2 % dans la branche des acteurs du lien social et familial.
L’étude relève par ailleurs une augmentation du taux d’absences au travail avec l’âge, ce qui peut s’expliquer par « le développement progressif de problèmes de santé » et par une « éventuelle exposition antérieure à des facteurs de pénibilité ». Les arrêts maladie touchent davantage les non-cadres (4,5 %) que les cadres (2,5 %), et les femmes (4,8 %) que les hommes (3,2 %). Autre indicateur complémentaire de l’absentéisme, également révélateur des difficultés dans le travail : le taux moyen annuel de turn-over atteint 12 % dans le secteur de l’ESS (sans prendre en compte les fins de contrats à durée déterminée). « Les salariés de l’économie sociale et solidaire exercent des métiers dans lesquels ils s’impliquent, émotionnellement comme physiquement, peut-être plus que les autres. Cette implication forte est une source potentielle de risques à tous les niveaux, surtout dans un secteur où la pyramide des âges est vieillissante (41 % des salariés ont plus de 45 ans) », conclut l’étude, sans aborder la gestion des conditions de travail. Tout en soulignant que cette dégradation « a un impact direct sur les structures : coût humain, économique et de fonctionnement du collectif ».
(1) Réalisée à partir de l’analyse des données anonymes issues de son fichier adhérents, elle porte exclusivement sur les arrêts maladie, hors accident du travail et arrêt pour maladie professionnelle, ce qui couvre 90 % des motifs d’absence – Synthèse disponible sur