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Crise migratoire : le HCR suspend certaines de ses activités à la suite de l’accord UE-Turquie

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Orchestrer le renvoi des migrants venus de Turquie, gérer ceux qui sont bloqués sur son territoire et organiser les relocalisations, le tout en respectant le droit d’asile. C’est l’équation compliquée à laquelle Athènes est confrontée à la suite de l’accord conclu entre Bruxelles et Ankara(1). Et qui promet d’être encore plus ardue après la décision du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de suspendre certaines de ses activités en Grèce, annoncée par sa porte-parole, Melissa Fleming, le 22 mars devant la presse.

Pour mémoire, l’accord prévoit notamment le renvoi systématique de tous les migrants arrivés en Grèce en provenance de Turquie après le 20 mars et dont la demande d’asile aura été refusée(2). Concrètement, les migrants restent détenus dans les cinq « hotspots » existants (camps d’enregistrement et d’identification) dans les îles grecques et ceux qui ne demandent pas l’asile sont renvoyés immédiatement, tandis que les autres sont retenus le temps de l’examen de leur demande, conformément aux règles de droit d’asile que l’UE s’est engagée à respecter.

Jusqu’alors, le HCR apportait un appui aux autorités dans ces « hotspots ». Mais « dans le cadre des nouvelles dispositions, ces sites sont devenus des lieux de rétention », a expliqué Melissa Fleming. « Par conséquent, et conformément à [sa] politique d’opposition à la détention obligatoire », le HCR a suspendu certaines de ses activités « dans tous les centres fermés sur les îles, y compris le transport des arrivants vers et depuis ces sites ». L’agence de l’ONU a toutefois indiqué y maintenir « une présence pour assurer que les normes soient respectées en matière de protection, de droit des réfugiés et de droits humains ainsi que pour fournir des informations sur les droits et les procédures de dépôt d’une demande d’asile ». Le personnel du HCR continue par ailleurs d’être présent « sur le littoral et dans les ports maritimes afin d’y fournir une assistance pour le sauvetage (y compris le transport vers les hôpitaux en cas de besoin) », a poursuivi la porte-parole. « Nous informons les nouveaux arrivants sur la procédure d’asile en Grèce, le regroupement familial et l’accès aux services. » De plus, a-t-elle ajouté, « nous identifions les personnes ayant des besoins spécifiques ».

Plus globalement, le HCR se dit « préoccupé » par le fait que l’accord UE-Turquie soit mis en œuvre avant la mise en place des garanties requises en Grèce. Selon Melissa Fleming, en effet, la Grèce ne dispose à l’heure actuelle « ni d’une capacité suffisante sur les îles pour l’examen des demandes d’asile, ni de conditions adéquates pour accueillir les personnes décemment et en toute sécurité en attendant une décision sur leur cas ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2953 du 25-03-16, p. 9.

(2) L’accord prévoit également que, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, un autre Syrien sera « réinstallé » dans l’Union européenne (UE), dans la limite de 72 000 relocalisations.

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