Unité de lieu – dans un grand hôpital parisien, l’Hôtel-Dieu – et plateau technique réunissant une large palette de spécialités, l’espace Guy-Môquet(1) accueille des jeunes de 13 à 25 ans ayant vécu des événements qui ont provoqué des cassures dans leur développement (maltraitance, décès des parents ou dans la fratrie, migration, début d’une maladie chronique…). L’idée est d’« offrir un soin adapté à la souffrance de ces jeunes qui n’arrivent pas toujours à se reconnaître dans l’offre de soins pédopsychiatrique classique », expliquent Thomas Girard, praticien en médecine interne, responsable du service, et Frédéric Léger, psychologue-psychanalyste. Pour ces adolescents et jeunes adultes, généralement adressés par l’aide sociale à l’enfance, la protection judiciaire de la jeunesse, la santé scolaire ou les missions locales, une « psychologisation trop rapide » de leurs symptômes est souvent facteur d’échec. Aussi le corps est-il le fil rouge du processus de soin – et la stricte observance du secret professionnel, la garantie d’une expression libre des patients et d’une alliance thérapeutique solide avec eux. C’est ainsi qu’avec Sofiane, 16 ans, déscolarisé et jouant nuit et jour sur son ordinateur, la consultation médicale du premier accueil a permis une approche décentrée de ses troubles du comportement. Mis en confiance, l’adolescent a par la suite accepté un suivi psychologique et les cours particuliers de L’Ecole à l’Hôpital, qui l’a accompagné dans un parcours de formation. Aujourd’hui âgé de 24 ans, Sofiane continue à prendre ponctuellement rendez-vous dans le service, uniquement avec le psychologue.
La santé des adolescents en rupture. Une nouvelle approche thérapeutique
Thomas Girard et Frédéric Léger – Ed. érès – 13 €