Etenesh débarque sur les côtes italiennes de Lampedusa presque deux ans après être partie d’Addis Abeba, en Ethiopie. Elle a traversé le Soudan, le désert du Sahara, pour finir dans les mains de trafiquants d’êtres humains, puis dans une prison en Libye. Elle a traversé la mer Méditerranée dans un bateau gonflable en pensant à chaque mètre que tout serait en vain. Elle a beaucoup pleuré, a souffert de la faim, a failli devenir folle, l’humidité lui a percé les os, elle a voulu maintes fois renoncer, a payé, repayé et encore payé ceux qui tirent profit de l’exil, elle a vu et vécu des choses qu’elle préférerait oublier. Planche par planche, le bédéiste italien Paolo Castaldi relate à travers ce voyage infernal l’une des grandes tragédies de notre temps. Il a recueilli le témoignage de cette Ethiopienne qui, comme des milliers d’autres, a parcouru la longue route empruntée par les migrants. Dans Etenesh. L’odyssée d’une migrante, le lecteur franchit avec elle les frontières, les déserts, les obstacles qui se dressent inéluctablement sur son parcours. L’ouvrage comporte peu de texte et des dessins souvent zoomés au maximum, ce qui peut rendre l’ensemble confus. Mais il s’agit là d’un choix du dessinateur inventif : en quelques coups de crayon sur des visages esquissés, il fait apparaître la peur, la douleur, l’humiliation, la cruauté. A l’intérieur des cases à dominante jaunâtre, la robe rouge de l’héroïne attire les regards, aussi intense que son périple.
Etenesh. L’odyssée d’une migrante
Paolo Castaldi – Ed. Des ronds dans l’O, avec le soutien d’Amnesty International – 22 €