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Les attentes en matière d’accompagnement sexuel analysées pour la première fois

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Alors que la question de l’accompagnement sexuel des personnes handicapées « continue à faire débat depuis des années en France, sans que véritablement n’émergent de réponses concrètes », l’Association pour la promotion de l’accompagnement sexuel (APPAS), créée par l’écrivain tétraplégique Marcel Nuss, vient de réaliser une étude sur la situation de l’accompagnement sexuel en France.

Présentée le 17 mars à l’occasion d’une nouvelle formation de l’APPAS, un an après une première session ayant suscité un vif débat(1), cette étude a pour objet de « faire entendre, sans a priori ni jugement, l’expression du choix, de ce qui est au plus profond de la vie intime de la personne en situation de handicap et de ses proches », précise en introduction Akim Boudaoud, psychologue-sexologue et vice-président de l’APPAS. Il y voit un moyen « de lever le voile et de démystifier la question de l’accompagnement sexuel et de voir un peu plus clair sur un sujet polémique ».

Plus de 180 demandes

L’enquête s’est appuyée sur l’analyse des demandes d’accompagnement formulées auprès de l’APPAS via l’ouverture en mars 2015, sur son site Internet (www.appas-asso.fr), d’une rubrique intitulée « Vous souhaitez bénéficier d’un accompagnement sensuel et/ou sexuel ? ». En dix mois – soit de mars à décembre 2015 –, l’association a enregistré plus de 180 demandes d’accompagnement, émanant de toutes les régions.

L’étude a porté sur les 155 situations entièrement renseignées. Elle montre d’abord que les personnes ayant sollicité un accompagnement sexuel sont âgées de 18 à 94 ans, les 26-35 ans représentant presque le tiers des demandes (29 %), devant les 36-45 ans (23 %). Les demandeurs sont très majoritairement des hommes, puisque « la population féminine ne représente que 5 % des sollicitations » et est concentrée dans la catégorie des 36-45 ans avec 4 %.

Ont ensuite été analysés les types de handicap, à travers la catégorisation suivante : handicap moteur, handicap psychique, handicap mental et handicap sensoriel. C’est le premier qui est le plus représenté (134 personnes), quelle que soit la tranche d’âge. « Sont concernées les personnes avec une infirmité motrice et cérébrale (IMC), avec une tétraplégie, avec un spina-bifida, une sclérose en plaques, une paraplégie, etc. », détaille l’étude. La seconde catégorie de handicap recensée est celle qui est constituée par les troubles psychiques (30 personnes), se manifestant par « les dysfonctions dans l’expression des émotions, de l’affection, de la communication, etc. ».

L’étude s’est par ailleurs penchée sur le mode de vie des personnes concernées. Si les 18-25 ans vivent en majorité au sein de leur cellule familiale, les autres demandeurs habitent en majorité seuls. Enfin, l’APPAS a procédé à l’analyse du contenu des demandes exprimées. Celle-ci révèle que la plupart ont été formulées par la personne elle-même. Cependant, certaines personnes ont sollicité l’aide d’un tiers, généralement un membre de la famille (parent, sœur ou frère) « pour écrire et exprimer le besoin », comme en témoignent différents extraits de messages reproduits dans l’enquête, sous couvert d’anonymat. Par ailleurs, « afin d’avoir un aperçu sur les attentes des personnes en matière de prestation de service liée à la sexualité », l’APPAS a procédé à l’analyse du contenu des différentes réponses apportées à la question : « Qu’attendez-vous d’un accompagnement sensuel et/ou sexuel ? » L’association a, dans ce cadre, répertorié les expressions et les mots utilisés et exprimés plusieurs fois, les formulations employées ayant trait au câlin/au toucher, à l’acte sexuel, à la confiance en soi, à l’affection et la tendresse, au plaisir, à la « réincarnation de son corps » – qui fait référence « à la découverte et à l’appropriation de son corps, avec le désir de prendre conscience et de communiquer avec [lui] » – et, enfin, à la stimulation des organes génitaux.

Accès à l’intimité

L’APPAS constate une concentration des demandes sur l’acte sexuel dans la tranche d’âge des 36-45 ans, suivie de celle des 26-35 ans. Le second besoin qui se détache, celui de recevoir ou de donner des câlins et du toucher, « est fortement exprimé de 18 ans jusqu’à 55 ans », tandis qu’est également observée une « forte attente », de 18 jusqu’à 65 ans, pour « deux autres axes » que sont la recherche d’affection et de tendresse et la confiance en soi.

En conclusion, Akim Boudaoud observe que « le contenu des questionnaires […] peut générer une gêne, un malaise, de l’empathie et de la compassion ». Pour le vice-président de l’APPAS, « il s’agit tout simplement peut-être d’entendre, de voir et de ressentir l’ensemble de ces émotions, de ces souffrances, de ce désarroi et de cette colère pour que l’on puisse parler le même langage, c’est-à-dire le langage des émois ». Et de proposer une « réponse humaine aux besoins exprimés ». Avant d’indiquer que l’APPAS poursuivra son travail d’observation, afin de « faire entendre la voix des personnes en situation de handicap et [de] faciliter l’accès à leur intimité ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2904 du 3-04-15, p. 18.

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