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Le secteur adapté et protégé doit améliorer sa visibilité

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Présentée le 14 mars à l’occasion du premier salon « Handicap et achats responsables », la troisième édition du baromètre « Osez l’ESAT », réalisé par l’IFOP pour le groupe de protection sociale Humanis(1), s’est à nouveau penchée sur les réalités de l’obligation d’emploi des personnes handicapées. Sa méthode : croiser les regards du milieu dit « ordinaire » (entreprises privées et établissements publics de 20 salariés et plus) avec celui des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) et des entreprises adaptées (EA). L’enquête montre que, au sein du milieu ordinaire, les responsables associent l’insertion professionnelle des personnes handicapées à « un champ lexical très positif », même s’ils évoquent aussi la notion de « contrainte » (respect de l’obligation du taux d’emploi ou pénalités). Et si, de leur point de vue, les ESAT et EA sont avant tout des structures permettant aux personnes handicapées de travailler dans des conditions adaptées, « la distinction entre [les deux] semble totalement méconnue ». Pour autant, globalement, ils se disent bien informés de leurs obligations en matière d’emploi de travailleurs handicapés, une préoccupation qui fait même, pour les DRH, « partie intégrante de leur poste ». Du côté des directeurs d’ESAT et d’EA, ressort principalement la crainte d’une « méconnaissance du handicap de [la part de] leurs clients et prospects qui va de pair avec une certaine frilosité à travailler avec le secteur adapté et/ou protégé ».

L’enquête s’est aussi intéressée à la place du secteur protégé dans le tissu économique. De façon générale, « les structures et établissements jugent que le recours aux ESAT-EA est stable par rapport à 2014 », sachant que ces structures n’échappent pas à la conjoncture économique globalement difficile. Les directeurs évoquent ainsi « un contexte tendu et très concurrentiel, sans grande visibilité », qui leur impose notamment d’être plus réactifs, plus actifs commercialement et plus compétitifs. Des contraintes qui pèsent d’autant plus que les aides publiques se réduisent et arrivent très tardivement, créant parfois des difficultés de trésorerie, montre l’enquête.

Disparités territoriales

Celle-ci relève également une approche commerciale différente au sein des ESAT/EA selon le profil de leurs dirigeants : pour ceux qui ont un parcours dans le médico-social, cette approche « passe avant tout par la qualité de la prestation délivrée permettant de fidéliser les clients et d’en attirer de nouveaux », tandis que les directeurs ayant un parcours dans le privé lucratif développent une démarche commerciale « plus active ». Plus globalement, l’enquête met en exergue, au travers des pratiques décrites, « une difficulté à faire coïncider l’offre et la demande dans la mesure où il n’existe pas (sauf peut-être dans les très grandes entreprises) [d’interlocuteur] unique dans les établissements publics et privés ». A cela s’ajoutent des disparités territoriales : si les clients des ESAT-EA sont plusieurs à évoquer le fait de privilégier les structures de proximité, leurs choix sont toutefois contraints par l’offre.

Pour leur part, les directeurs d’ESAT et d’EA jugent la qualité des prestations du secteur du même niveau que celles du milieu ordinaire, mais manquent de temps et de moyens financiers leur permettant d’être plus visibles au sein du tissu économique local. « Leur visibilité semble globalement meilleure auprès des grandes entreprises disposant d’interlocuteurs dédiés aux problématiques relatives à l’insertion professionnelle de travailleurs handicapés (missions handicap), et plus complexe à développer auprès des petites entités. » Le secteur adapté et protégé est en outre confronté à des difficultés de recrutement : 77 % des ESAT et des EA disent en avoir pour recruter des profils spécifiques et 53 % de manière générale. « Les ESAT rencontrent également des difficultés à recruter leurs équipes d’encadrement, en raison de la spécificité de ces postes et du niveau de salaire proposé. »

Par ailleurs, environ deux tiers des professionnels du milieu ordinaire interrogés recrutent directement des travailleurs handicapés, mais peu respectent leur obligation légale. Et « plus l’entreprise est grande, plus elle travaille directement avec des personnes en situation de handicap et/ou plus elle fait appel au secteur adapté et protégé ». Un recours aux ESAT et EA « principalement justifié par la logique RSE [responsabilité sociétale des entreprises] de l’entreprise et surtout de l’établissement public, devant l’intérêt financier qui est de faire diminuer la contribution Agefiph-FIPHFP ».

Les raisons du non-recours au secteur adapté ou protégé sont notamment liées aux craintes des responsables que l’offre de biens et services ne couvrent pas leurs besoins, du moins dans un premier temps. Autrement dit, que « l’activité de l’ESAT ou de l’EA soit principalement guidée par l’insertion de leurs travailleurs […] et non par la satisfaction des clients ». Ceux qui ont déjà fait appel aux ESAT-EA justifient leur abandon par « des coûts et des délais inappropriés » et ceux qui n’y ont jamais eu recours invoquent notamment « leur méconnaissance du secteur ». Pour les convaincre, les responsables d’ESAT et d’EA envisagent principalement d’accroître leur visibilité, en particulier en communiquant davantage sur les offres et les services de leurs structures, ce qui répondrait par ailleurs à une attente formulée par les professionnels du secteur ordinaire qui souhaitent connaître leurs métiers et leurs prestations, mais également « comprendre leur politique tarifaire [et] a voir des preuves de leur professionnalisme ». Et être en mesure de les identifier, par le biais d’un annuaire par exemple.

Notes

(1) Baromètre Humanis-IFOP « Entreprises, Osez l’ESAT » – Mars 2016 – Disponible sur www.humanis.com.

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