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Conférence parlementaire sur le travail social : un lieu d’échange pérennisé ?

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Le soufflé n’est visiblement pas retombé. Un peu plus de deux ans après la première « conférence parlementaire » consacrée au travail social et à sa contribution à la citoyenneté, le 5 décembre 2013(1), les deux députées (PS) Martine Carrillon-Couvreur (Nièvre) et Patricia Adam (Finistère) ont renouvelé la démarche. Toujours en partenariat avec l’Unaforis (Union nationale des acteurs de formation et de recherche en intervention sociale) et la chaire de travail social et d’intervention sociale du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), en lien avec le Conseil supérieur du travail social (CSTS), la deuxième édition de l’événement s’est tenue le 10 mars à l’Assemblée nationale. Entre-temps, les deux députées, issues du travail social – Martine Carrillon-Couvreur a été directrice d’un institut médico-éducatif et présidente du Conseil national consultatif des personnes handicapées, Patricia Adam a été assistante sociale et présidente du GIP Enfance en danger –, ont continué à échanger avec une quinzaine d’autres collègues du Palais-Bourbon au sein d’un groupe informel sur le travail social constitué au sein du groupe socialiste. Outre Christophe Sirugue (Saône-et-Loire), chargé par le Premier ministre de plancher sur une simplification des minima sociaux, Brigitte Bourguignon (Pas-de-Calais), missionnée pour travailler à la recomposition du CSTS, Françoise Dumas (Gard) ou encore Annie Le Houérou (Côtes-d’Armor) participent à ces rencontres régulières. « La réflexion avait été engagée par Paulette Guinchard [ancienne secrétaire d’Etat aux personnes âgées] qui, avant de quitter le Parlement, nous avait confié la mission de nous préoccuper du travail social », a rappelé Martine Carrillon-Couvreur.

Si le contexte a changé depuis la première « conférence parlementaire » – essentiellement l’annonce du plan d’action en faveur du travail social et du développement social, dont il s’agissait de dresser les perspectives –, les attentes du terrain n’en sont pas moins nombreuses. Parmi les sujets d’alerte remontés de l’auditoire : le décalage entre les ambitions du plan interministériel et les restrictions budgétaires qui touchent l’action quotidienne des professionnels. Les témoignages n’ont pas manqué sur les fermetures de services, les réductions de personnels, les temps d’écoute contraints, la déqualification…

Quels outils d’évaluation ?

Chargé du suivi du plan, François Soulage, le président du collectif Alerte, a précisé qu’il relaierait les inquiétudes exprimées auprès de la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, Ségolène Neuville, intervenue en ouverture de la conférence. « Il faut arriver à se doter d’outils pour montrer qu’un euro investi dans le travail social n’est pas un euro perdu », soutient-il, rappelant que le plan devra être évalué sur la base d’indicateurs d’« investissement social ». En revanche, le projet du secrétariat d’Etat à l’économie sociale et solidaire de faire appel à des financements privés dans le cadre d’« investissements à impact social » (si les objectifs de l’action financée sont atteints, les pouvoirs publics remboursent l’investisseur avec un intérêt rémunérant les risques pris) lui paraît « un danger majeur » (voir ce numéro, page 6). Christian Breuil, ancien directeur de Buc Ressources et professeur honoraire à l’Ecole doctorale de l’Académie des sciences sociales de Chine, appelle quant à lui à un changement culturel : il faut que le travail social « sorte d’une position résiduelle, d’une incapacité à se saisir de l’outil économique qui le prive d’une capacité d’action ». Afin de mettre en évidence les surcoûts qu’il évite, le travailleur social « doit être aussi un acteur économique, au risque de l’évaluation ». Un sujet qui dépasse largement le plan d’action.

Dans le secteur de la lutte contre l’exclusion et de l’insertion sociale, les « référents de parcours » – qui, selon Ségolène Neuville, devraient être expérimentés courant 2016 – continuent de susciter quelques doutes. Nouveau métier ? Nouvelle mission ? Quelles articulations avec l’existant ? « A l’évidence il va falloir que l’on retravaille cette notion », a indiqué François Soulage, estimant que, sur cette question, « on n’échappera pas à un débat de type “conférence de consensus” ». Autre attente, grandissante : la valorisation de la recherche, notamment pour développer la production de connaissances, a insisté Marcel Jaeger, titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale du CNAM. « Reconnaître le travail social comme une discipline est un passage obligé pour faire avancer les choses », a pour sa part défendu Manuel Pélissié, directeur général de l’IRTS Paris-Ile-de-France et vice-président de la commission professionnelle consultative du travail social et de l’intervention sociale. Premier pas sans doute, le plan d’action prévoit la création d’une unité de recherche dédiée à l’intervention sociale. « Les avancées sont trop lentes, le travail social sera une science à part entière quand existeront des chaires en travail social dans plusieurs universités », a estimé la députée Patricia Adam.

Les députés PS du groupe sur le travail social vont prolonger leurs échanges et réfléchissent à une prochaine journée de débat. Mais pour obtenir une réelle visibilité auprès des parlementaires, il faudrait que le travail social dépasse la réflexion d’un petit cercle d’élus pour faire l’objet d’un groupe d’études de l’Assemblée nationale…

Notes

(1) Voir ASH n° 2837 du 13-12-13, p. 19.

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