Lieu d’« exploration sensorielle dans un climat de détente », l’espace Snoezelen n’est ni une méthode ni une technique, mais un environnement dans lequel les personnes accueillies sont amenées, à l’aide de matériels spécifiques et variés, à développer, à leur rythme et dans un climat de confiance, des expériences sensorimotrices et relationnelles. Dépendant « du projet, de l’ergonomie du lieu, du budget et du public concerné », tous les espaces diffèrent, explique Olivier Quentin, ex-éducateur spécialisé devenu formateur en Snoezelen pour la société Pétrarque. « Pour des enfants handicapés, on privilégiera des plans au sol, avec une alternance de surfaces dures et molles ; pour les personnes âgées, du mobilier à hauteur, des fauteuils enveloppant, pour un aspect cocooning ; pour des personnes atteintes de surdité, des sols vibrants… » Il faut commencer par contacter un revendeur (en France, il en existe une poignée, qui distribuent du matériel de différentes marques) et comparer les offres et les tarifs. Un commercial pourra se déplacer pour étudier le cahier des charges et la faisabilité du projet. Les prérequis ? Bénéficier d’une surface comprise entre 15 et 25 m2, – « en dessous, il peut y avoir une sensation d’étouffement et, au-dessus, l’ambiance peut être anxiogène », précise Olivier Quentin. La pièce doit pouvoir être totalement occultée. Son emplacement est également à prendre en compte : plutôt éloigné d’un lieu de vie ou d’un vestiaire, pour pouvoir y obtenir le silence. La salle ne doit pas non plus être située à l’extérieur de l’établissement. Il est conseillé d’aménager un sas d’entrée et de sortie pour permettre la transition.
Le budget peut varier de 6 000 € pour un chariot Snoezelen à 30 000 € pour un espace complet. De plus en plus d’établissements choisissent de s’équiper a minima, en acquérant d’abord un lit à eau et une colonne à bulles, avant d’investir, l’année suivante, dans une fibre optique, un disque à huile ou de l’aromathérapie. Les porteurs du projet peuvent aussi se procurer du matériel « non officiel » (balles à picots, plaids, tissus, peluches) du moment qu’il répond aux normes d’hygiène et de sécurité. « S’il y a des règles à suivre pour le matériel utilisé, ce n’est finalement pas l’essentiel, insiste Olivier Quentin. Je répète toujours aux stagiaires qu’une colonne à bulles ne soigne pas : c’est la qualité de la relation et de l’accompagnement qui est déterminante. » En effet, chaque séance doit être menée par un professionnel qui est à la fois facilitateur, médiateur, créateur et observateur. A l’ITEP (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique)-Sessad (service d’éducation spéciale et de soins à domicile) L’Escale, à Jarville-la-Malgrange (Meurthe-et-Moselle), l’accent a été mis sur la formation, dont les sessions se dérouleront avant même l’installation de la salle. « J’ai travaillé dans des EHPAD [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes] équipés d’espaces Snoezelen qui étaient très peu utilisés, car il n’y avait pas de réelle appropriation par le personnel, explique Céline Petitpoisson, directrice adjointe. Il faut ancrer cette approche dans les pratiques avant d’investir dans du matériel. Avec les équipes, nous travaillons depuis un an sur le projet pour l’adapter au mieux à notre public d’enfants atteints d’un handicap psychique sévère. Onze professionnels (psychologue, psychomotricien, éducateurs spécialisés, aides médico-psychologiques) vont suivre une formation. Chacun pourra ainsi utiliser le lieu avec sa culture et ses compétences. »
Le terme « Snoezelen » est la contraction des mots néerlandais snuffelen, « sentir », et doezelen, « somnoler ».
Voici deux ans, la crèche Babilou Convention (Paris XVe), 40 places, a commencé à investir dans du matériel Snoezelen Hoptoys, sous l’impulsion de la psychomotricienne. « Nous n’avons pas de salle dédiée, mais nous montons, deux jours par semaine, un espace mobile dans un dortoir : stores occultants, tapis de sol, colonne à bulles, fibres lumineuses et arches vibrantes sont rapidement installés pour des séances de dix à vingt minutes en individuel ou en petits groupes », détaille Anne Chartier, directrice. Toute l’équipe, formée, propose des découvertes multisensorielles aux enfants en petits groupes ou un accompagnement individualisé autour du sommeil ou de la perception de l’enveloppe corporelle. Une grille d’observation a été mise en place pour mesurer, à terme, les bienfaits du Snoezelen sur l’évolution des petits.