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Les jeunes « incasables » révèlent l’inventivité des professionnels

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Face à des mineurs sous main de justice qui les mettent en difficulté, les intervenants éducatifs bricolent au quotidien des réponses inventives en marge des cadres d’intervention standard. Un « art de faire » souvent invisible, en tout cas peu reconnu par l’institution, qu’éclaire, dans toute sa complexité (y compris émotionnelle), une recherche, très attendue, qui vient d’être rendue publique.

Une plongée au cœur des pratiques des professionnels qui accompagnent des jeunes difficiles pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) : c’est ce que propose la recherche intitulée « L’ordre éducatif recomposé. De l’art de la prudence dans l’accompagnement des mineurs sous main de justice », réalisée par le laboratoire de recherche Espace scientifique et praticien en action sociale et en santé (Espass) de l’Institut régional et européen des métiers de l’intervention sociale (IREIS). A partir de l’étude d’une vingtaine de récits de vie de jeunes au parcours tourmenté, elle explore la part non prescrite du travail des intervenants socio-éducatifs, par nature invisible et insaisissable, et décortique les ajustements et les écarts qu’ils sont amenés à effectuer par rapport au cadre institutionnel. Cette convocation au cœur du « réel de l’activité », peu observé jusque-là, lève le voile sur les logiques à l’œuvre dans l’élaboration des réponses, même incertaines, apportées à ces jeunes qualifiés d’« incasables » – qui servent ici de révélateurs aux dysfonctionnements de la prise en charge, dont ils se révèlent être moins les causes que les victimes. Mais ce voyage passionnant dans les affects des intervenants et les collectifs de travail informels qui font aussi, à côté des jeux institutionnels, la réalité de l’accompagnement éducatif dessine également en creux les luttes autour de la définition de l’identité professionnelle de ces acteurs confrontés à la rigidité de l’institution. Dans un contexte de standardisation des pratiques, ceux-ci font d’ailleurs souvent figure de « héros ordinaires » contraints de composer avec un système avec lequel ils sont en porte-à-faux.

Parcours de vie

C’est donc par l’examen approfondi de vingt et un « “cas” complexes, parfois extraordinaires » de mineurs sous main de justice que commence le voyage. Reflets saisissants des destinées sociales et institutionnelles des jeunes, ces trajectoires restituées du point de vue singulier des professionnels (voir encadré, page 22) et résumées sous des titres évocateurs (« Hana : la course à la psychiatrisation », « Omar ou la place perdue », « Bachir ou la fatigue d’être soi ») constituent le point de départ de la recherche. Une porte d’entrée pour « mieux saisir “l’expérience réelle” des situations d’accompagnement par les intervenants et les équipes », explique la sociologue Catherine Lenzi(1).

En quelques lignes, le sociologue David Grand dresse un tableau rapide d’une poignée de situations : « Quentin a commis des vols, il consomme du cannabis. En souffrance, il fugue régulièrement des lieux de placement. Elie, diagnostiqué hyperactif, a été régulièrement suivi par la psychiatrie. Il a arrêté l’école à l’âge de 11 ans. Najib, lui, n’a plus de père, il ne peut pas compter sur sa mère qui le rejette. Il est décrit comme agressif, voire violent. Dernier exemple, Omar a des relations difficiles avec sa mère. Il a arrêté l’école à 15 ans et il a été incarcéré suite à de nombreux délits. » Derrière la singularité des parcours, de nombreux points communs : outre la fragilité du milieu familial, les ruptures, les difficultés sanitaires (y compris psychiatriques), les fugues, la délinquance…, le rapport met en évidence la déscolarisation massive de ces jeunes. « Débordés par les absences, les mauvais résultats, des incivilités ou des comportements violents, les établissements recourent à l’exclusion et finissent […] par marquer un arrêt définitif à la scolarité du mineur », observe David Grand. Autre fait marquant : la forte discontinuité des parcours, faits de placements, déplacements, replacements…, qui compose « une sorte de “grammaire du déplacement sous contrainte” ». En trois ans, Lucie essaie plusieurs familles d’accueil, des foyers, un centre éducatif renforcé (CER), un établissement de placement éducatif et d’insertion, un établissement pénitentiaire pour mineurs. Quant à Omar, sur une durée un peu plus longue, il enchaîne plus d’une quinzaine de lieux : CER, centre éducatif fermé, maison d’enfants à caractère social, incarcérations et hospitalisations en psychiatrie. « En déplaçant plus que nécessaire le mineur dans des dispositifs pas toujours adaptés, l’action des institutions finit par être contre-productive, pointe David Grand. Non seulement elle ne répond pas à ses problèmes mais en plus elle risque de les renforcer, contribuant à les chroniciser. »

Autre enseignement de ces histoires de vie : la tendance à enfermer le mineur dans un jugement négatif qui fait fi de ses capacités. « Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que des intervenants excédés et épuisés éprouvent un soulagement quand un passage de relais est effectué », estime David Grand. Pourtant, ces jeunes ne manquent pas de ressources. Malgré ses limites intellectuelles, Elie est présent à ses rendez-vous, réalise des efforts dans sa scolarité, commence une relation amoureuse… Et, loin de n’être que discontinuités et ruptures, les parcours des jeunes présentent également des moments de stabilité « qui donnent à penser que les problèmes ne sont pas irréversibles ». Omar a ainsi vécu toute son enfance dans la même famille d’accueil où il était apprécié de tous et avait de bons résultats à l’école.

Aussi l’expression « parcours chaotique », qui revient de façon récurrente pour qualifier ces jeunes, mériterait-elle d’être davantage « questionnée ». S’appuyant sur l’examen de ces histoires de vie, les chercheurs rejoignent les conclusions d’une recherche réalisée en 2008 par le Centre d’études, de documentation, d’information et d’action sociales (Cedias) (voir encadré ci-dessous), qui mettait déjà en évidence que la problématique de l’« incasabilité » apparaît moins liée aux difficultés intrinsèques du jeune qu’à l’inadaptation des institutions. La recherche invite ainsi à sortir du discours habituel faisant peser sur les mineurs le poids des échecs de prise en charge. On pourrait au contraire, selon elle, avancer que ce sont les institutions qui mettent « en échec le mineur quand elles excluent, déplacent sans cesse, trouvent des solutions par défaut, fonctionnent sur des temporalités opposées à celles des mineurs qui font, par exemple, que les décisions de justice sont prononcées alors que la situation du mineur se présente sous un jour plus favorable, voire se stabilise ».

Blocages institutionnels

La recherche ne s’arrête toutefois pas à ce constat paradoxal – qui a aussi valeur de désaveu pour la PJJ. Elle fait un pas de côté pour s’intéresser à la façon dont les professionnels contournent les contraintes et mettent en œuvre des ressources inattendues. Le rapport met aussi l’accent sur les pratiques pour montrer comment les intervenants tentent de s’affranchir des exigences institutionnelles et de s’extraire des situations complexes pour trouver des solutions de prise en charge appropriées.

Dans un contexte marqué par l’incertitude et la rigidité, la marge de manœuvre des travailleurs sociaux est certes limitée. Ceux-ci souffrent en particulier d’un manque d’informations concernant les jeunes dont ils ont la charge. Comme l’indique une psychologue de la PJJ à propos d’Hana : « La porte d’entrée, par rapport à cette adolescente, c’est justement ce qu’on ne sait pas. C’est ce qui fait énigme, c’est ce qui fait qu’on ne peut pas y arriver avec elle. » Une autre difficulté tient à la pénurie de places qui conduit les professionnels à « formuler un nombre invraisemblable de demandes d’admission, à la chaîne, avant que leur demande ne reçoive une réponse favorable ». Alors qu’ils sont censés garantir la continuité du parcours des jeunes, ils se retrouvent face à un véritable « casse-tête », qui peut les conduire à des placements inappropriés. Conséquence de la rigidité des procédures qui n’autorise pas les prises en charge « sur-mesure », ce type de blocage favorise « un sentiment d’impuissance et d’épuisement professionnel ». A cela s’ajoute l’inflation des tâches administratives issues des démarches « qualité » et de la nouvelle gestion publique , qui éloigne les éducateurs de ce qu’ils considèrent comme le cœur de leur métier, à savoir la relation. « Tous ces jeunes gens qui sont désinstitutionnalisés ont affaire à des professionnels qui sont hyperinstitutionnalisés, ça ne colle pas », relève un éducateur.

Paradoxalement, ce cadre contraint favorise pourtant la recomposition des pratiques au-delà des réponses normalisées. « Pour échapper aux dilemmes et paradoxes du métier, sources d’épuisement et d’épreuves de professionnalité, nous avons pu observer que la plupart des intervenants sont amenés à réinventer les cadres de l’action », souligne Catherine Lenzi. Aussi les moments informels (trajet en voiture, séjour de rupture, déjeuner dans un restaurant…) constituent-ils des « leviers essentiels pour les personnels éducatifs » en ce qu’ils permettent de « développer l’action éducative hors de la contrainte et en marge des cadres institutionnels ».

Pour mieux comprendre cet « art de faire » éducatif(2), qui s’appuie non sur des compétences formelles acquises mais sur l’activation de « ressorts expérientiels », Catherine Lenzi convoque le concept de « professions à pratique prudentielle » théorisé par le sociologue Florent Champy. Selon lui, certaines professions – comme les médecins, les magistrats, les architectes… – doivent faire face à des situations complexes et singulières, ce qui rend leur travail peu prévisible et formalisable. Dans ces contextes incertains, elles ont la particularité de se fabriquer dans l’aménagement des cadres prescrits en procédant par tâtonnements progressifs légitimés au fur et à mesure par des délibérations collectives. Rares sont les recherches qui ont appliqué cette grille d’analyse aux travailleurs sociaux dans la mesure où, dès lors qu’elles s’écartent de la norme, leurs pratiques sont, à l’inverse, rarement valorisées comme des compétences collectives. Pour autant, malgré le manque de reconnaissance institutionnelle des initiatives prises par les intervenants socio-éducatifs, Catherine Lenzi pointe des rapprochements possibles avec les métiers étudiés par Florent Champy.

Besoin de réflexion collective

L’accès au statut de « professions à pratique prudentielle » suppose toutefois que des collectifs de travail formels légitiment les écarts par rapport à la norme. Or, si le personnel socio-éducatif bénéficie bien d’espaces dédiés à la réflexion collective (réunions d’équipe, de synthèse, analyse des pratiques…), ces derniers sont souvent « détournés de leur fonction initiale pour répondre à des questions essentiellement organisationnelles », mettent en évidence Catherine Lenzi et le sociologue Léo Farcy-Callon. Alors que les temps d’échanges prévus pour questionner le travail éducatif sont surtout investis pour évoquer les dysfonctionnements institutionnels, comment répondre à ce besoin de réflexion collective, d’autant plus aigu que les professionnels sont confrontés à des situations délicates ? La réponse est à chercher dans les collectifs informels et les liens interpersonnels qui apparaissent dans les plis de l’institution, répondent les chercheurs. Toutefois, ces « interactions hors cadre » sont instables, se composent sans règles établies, ce qui pose « le problème de l’homogénéisation des outils et des réponses en matière de suivi éducatif ».

Le personnel d’encadrement tient, en outre, une position ambivalente : « Les cadres reconnaissent l’importance du travail informel, le soutiennent clandestinement, tout en rappelant constamment les normes et règles formelles », relèvent Catherine Lenzi et Léo Farcy-Callon. A travers ce « modèle de management clandestin », les personnels d’encadrement jouent ainsi un rôle tampon qui consiste à jouer sur les deux tableaux : à la fois en régulant « les pratiques en fonction des cadres fixés par l’institution » et en appuyant « les solidarités d’équipe indispensables à l’implication professionnelle et au fonctionnement des services ». Cependant, pour les chercheurs, en l’absence d’outils collaboratifs cohérents et pérennes, ces « semi-stratégies » n’ont guère d’avenir.

Or ce défaut de reconnaissance institutionnelle de l’expertise que constitue la part singulière et sensible de l’action éducative n’est pas sans conséquence sur le personnel socio-éducatif, affirment les deux chercheurs : il rend difficile la consolidation de leur identité professionnelle. Et de rappeler que cette dernière n’est pas « le résultat d’une normalisation des pratiques par l’imposition et le respect des règles instituées, mais, justement, réside dans la capacité qu’ont certains acteurs à pouvoir s’en éloigner, et à composer collectivement dans cet écart, une intelligence des situations, garante de nouvelles options réflexives, sensibles et pertinentes pour l’action ».

Voilà pourquoi il est urgent de reconnaître cette fraction – certes incertaine et hésitante, mais infiniment riche – du travail des intervenants socio-éducatifs, la « professionnalité prudentielle », comme l’appelle Catherine Lenzi. pour sortir des échecs de la prise en charge des mineurs « incasables ». La PJJ saura-t-elle se saisir de cette recherche, pour le moins dérangeante, pour revoir les fondements de son organisation ?

Une enquête pluridisciplinaire

Menée sous la direction scientifique de Catherine Lenzi, directrice de la recherche au sein de l’Espass-IREIS (Espace scientifique et praticien en action sociale et en santé de l’Institut régional et européen des métiers de l’intervention sociale) et membre du laboratoire Printemps-CNRS, et de Bernard Pény, formateur à l’IREIS de l’Ain, l’étude intitulée « L’ordre éducatif recomposé. De l’art de la prudence dans l’accompagnement des mineurs sous main de justice » répond à une commande de la mission de recherche « Droit et Justice »(3). Elle est le fruit d’un programme de recherche de deux ans, qui a mobilisé trois formateurs et deux chercheurs de l’IREIS d’origines académiques diverses(4) et deux membres de l’Espace de recherche et de prospective (ERP) en protection de l’enfance et justice des mineurs(5), partenaire clé du projet, à côté de la protection judiciaire de la jeunesse. Un colloque destiné à valoriser la recherche sera organisé au second semestre 2016 et, d’ici à la fin de l’année, un ouvrage devrait être publié.

Vous avez dit jeunes « incasables » ?

Qui sont ces mineurs sous main de justice suivis par la protection judiciaire de la jeunesse dans le cadre de mesures pénales et que la recherche scrute à la loupe ? D’autres champs de pratiques à vocation éducative les « nomment borderline, décrocheurs, ou, de façon plus spontanée et moins élégante, “incasables” », rappelle l’étude. Ils correspondent à des « enfants, adolescents ou jeunes adultes progressivement désaffiliés des instances ordinaires ou spécialisées d’éducation ou de soin ». Le terme « incasable » a été introduit il y a plus de vingt ans par le psychiatre Jean-Pierre Chartier « qui tentait d’isoler une nouvelle pathologie, l’“incasabilité”, définie selon lui par le tryptique “défi, déni, délit”, argumentée selon les éléments de la clinique psychanalytique ». Depuis, le terme a connu un succès important tant dans le secteur social et médico-social que dans les champs judiciaire et scolaire, « remplaçant avantageusement l’expression peu élégante de “patate chaude”, qui servait jusqu’alors à désigner ces mineurs qui mettent régulièrement en grande difficulté les équipes ». Bien que le public concerné fasse l’objet d’une attention particulière depuis une dizaine d’années, il reste toutefois difficile de le circonscrire précisément. Parmi les recherches sur la question, le rapport souligne l’intérêt de l’étude réalisée par le Cedias pour le compte de l’Observatoire national de l’enfance en danger en 2008(6) qui montre que « l’“incasable” n’existe pas en tant que catégorie exclusive » : « Les histoires d’incasables sont moins le reflet d’une personnalité particulière qu’un produit singulier entre des histoires personnelles, certes très carencées et mouvementées, et des modalités de prise en charge et/ou d’accompagnement inappropriées ».

Le choix d’une méthode inductive

La recherche s’appuie sur la reconstitution de vingt et une « lignes de vie » de jeunes identifiés par les services de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) comme relevant d’« échecs continus de prise en charge » dans deux départements d’Ile-de-France (Hauts-de-Seine et Yvelines) et cinq départements de Rhône-Alpes (Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Rhône). Dans ces délégations territoriales, la PJJ a accepté de laisser les chercheurs s’imprégner des dossiers (judiciaire et, le cas échéant, social, pédopsychiatrique, médico-social et scolaire) des mineurs. Ceux-ci ont organisé une trentaine de groupes de parole avec des équipes pluriprofessionnelles et des personnels d’encadrement(7) pour évoquer leurs pratiques concrètes, analyser les dispositions adoptées et les outils développés. A partir de quatre-vingts heures d’enregistrement et avec l’aide du logiciel Nvivo(8), une grille d’analyse a été construite autour de thématiques récurrentes telles que « professionnalité », « organisation », « équipes »… La démarche inductive adoptée par les chercheurs se réfèrent à deux approches. D’une part, la méthode de la théorisation ancrée (en anglais grounded theory) fondée par deux sociologues américains à la fin des années 1960, qui repose notamment sur la mise au jour de catégories ordinaires construites par les acteurs. D’autre part, sur une forme simplifiée de la méthode d’analyse en groupe de Luc Van Campenhoudt, qui implique un dispositif en quatre phases (récit, échos, analyse, ouvertures) autour d’échanges organisés en présence d’un chercheur animateur et d’un chercheur en position d’écoute analytique.

Notes

(1) Les citations sont toutes issues du rapport.

(2) En référence au concept forgé par le philosophe Michel de Certeau dans L’Invention du quotidien – Ed. Gallimard, 1990.

(3) Disponible sur www.gip-recherche-justice.fr

(4) Côté formateurs : Bernard Pény (sciences de l’éducation), Sandrine Sanchez (psychologie cognitive) et Jérémie Scellos (psychologie clinique). Côté chercheurs : David Grand (sociologie) et Catherine Lenzi (sociologie).

(5) Le délégué général de l’ERP Yves Darnaud et le sociologue Léo Farcy-Callon.

(6) Intitulée « Une souffrance maltraitée. Parcours et situations de vie des jeunes dits « incasables » » – Voir ASH n° 2576 du 10-10-08, p. 39.

(7) Plus d’une centaine de professionnels a été rencontrée : agents de la PJJ (63 %), personnel du secteur habilité PJJ (18 %), intervenants du champ de la protection de l’enfance (15 %) et autres acteurs (4 %).

(8) Chargé de gérer les liens existants entre des verbatim et des catégories en construction.

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