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Entre fantômes et promesses

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Droit derrière un pupitre, Omar raconte les raisons qui l’ont poussé à fuir le Nouristan, en Afghanistan. Il raconte les tortures lorsqu’il est parti à 14 ans vers l’Angleterre, le voyage durant lequel bon nombre de compagnons de route ont péri… Il y a également Abdul, un jeune garçon venu de la même région, qui déboule dans la classe de Nigel, le professeur. Complètement perdu et ne parlant pas l’anglais, l’adolescent trouve un peu de réconfort auprès de Zizidi, une jeune Guinéenne, qui porte en elle les traces des violences subies dans son pays. Documentariste plusieurs fois récompensé outre-Manche, Bruce Goodison s’est inspiré de la réalité de ces milliers de garçons et filles chassés de leur terre natale par les persécutions et les guerres pour réaliser Leave to Remain, son premier long métrage de fiction, extrêmement rythmé et prenant. « Je sentais qu’à travers eux, nous pouvions apprendre sur nous-mêmes […]. J’ai été mis en colère qu’un pays comme l’Angleterre, connu pour son équité, puisse se comporter si cruellement avec des jeunes », explique le réalisateur. Le film nous entraîne dans le quotidien brutal de ces adolescents pris entre les fantômes du passé et les promesses d’une vie meilleure. Des jeunes paniqués à la vue d’un uniforme, terrorisés par les explosions d’un feu d’artifice et découvrant un pays dont ils ignorent tout, avec ses arcanes administratifs, les examens de médecins chargés de déterminer leur âge, les interrogatoires sourcilleux pour décider de la véracité de leurs histoires respectives et l’angoisse permanente de voir leur demande rejetée. S’il livre une vision sans concession des premiers pas de ces jeunes migrants, Leave to Remain nous plonge également dans de beaux moments d’amitié et de drôlerie, comme la scène où ces gamins venus de tous les horizons se transforment en personnages de crèche pour un spectacle insolite sur la Nativité. Réalisé en 2013 et interprété par des jeunes immigrés emmenés par l’acteur britannique Toby Jones, le film de Bruce Goodison est plus que jamais d’actualité au moment où le gouvernement de David Cameron cherche à durcir encore les conditions d’accueil de ces réfugiés en quête d’un sésame leur ouvrant la porte d’une nouvelle vie.

Leave to Remain

Bruce Goodison – 1 h 30

En salles le 9 mars

Culture

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