Manteau à capuche usé jusqu’à la corde, bonnet troué, mitaines et barbe d’une semaine… Michel, le « mec d’en bas », a toute la panoplie du sans-domicile fixe parisien, jusqu’à la toux grasse et la démarche hésitante. Au gré de trottoirs flous, Michel traîne sa gouaille et son regard acéré sur le scandale Volkswagen, les 85 « obèses du larfeuille » plus riches que la moitié de la population mondiale la plus pauvre, l’évasion fiscale ou encore le mobilier urbain anti-SDF. Le résultat n’est pas toujours drôle, mais tombe souvent juste. Moyennant quoi, la web-série Vues d’en bas remplit son objectif : rappeler que derrière le masque du clochard se trouve une personne, homme ou femme, avec une histoire et une sensibilité, qui pense le monde, l’observe et le vit comme tout un chacun. Comme dans cet épisode « spécial vendredi 13 » où Michel, hébété, tient allumé à grand-peine un petit lumignon, les larmes aux yeux, ressassant pour lui seul le choc des attentats. Lancée en octobre dernier, la série compte déjà dix épisodes. Face caméra, c’est le comédien Alexandre Texier qui incarne Michel, un personnage tiré de son spectacle L’errance moderne(1). Derrière le projet, se trouve l’association Vues d’en bas(2), qui lutte contre l’invisibilité des personnes sans abri à travers l’art et les actions culturelles. En recrutant des artistes bénévoles, en organisant des expositions ou des concerts, l’association finance des maraudes, et espère changer le regard de la société sur les exclus. Elle prévoit de publier un épisode de sa web-série par semaine jusqu’en juin 2016.
(1) L’errance moderne se joue tous les vendredis à 21 h 30 au théâtre de la Contrescarpe – 5, rue Blainville, Paris Ve –
(2)
Vues d’en bas, la série
Réalisé par Jill Gage, avec Alexandre Texier – 10 épisodes de 2 min – Sur la chaîne YouTube :