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France Stratégie s’attache à mesurer les écarts « inexpliqués » dans l’accès à l’emploi

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En France, les femmes, les personnes issues de l’immigration et les habitants des quartiers défavorisés connaissent des difficultés plus importantes dans l’accès à l’emploi que les autres catégories de la population. Des inégalités connues, tout comme le fait que leur insertion dans l’emploi est de moindre qualité, en matière de contrat de travail comme de salaire. Pour autant, « ces observations brutes ne suffisent pas à attester de discriminations, car ces écarts sont en partie dus à des facteurs objectifs, par exemple un moindre niveau de formation », explique France Stratégie dans une note d’analyse publiée le 18 février(1). L’organisation tente donc dans ce document d’apprécier la réalité des discriminations, en s’efforçant « de mesurer les inégalités inexpliquées sur le marché du travail ».

Son analyse a porté sur plusieurs groupes de population définis selon trois critères – l’origine migratoire, le sexe et le lieu de résidence – pour lesquels ont été examinés les écarts observés dans l’accès à l’emploi et les salaires, et en prenant comme population de référence les hommes sans ascendance migratoire directe, âgés de 25 à 59 ans. Sur les écarts inexpliqués d’accès à l’emploi, « le premier constat marquant concerne les femmes, qui ont systématiquement un moindre accès à l’emploi (taux d’activité et taux d’emploi) que les hommes de la même origine, doublé d’un moindre accès à l’emploi de qualité » (CDI à temps plein par exemple). Par ailleurs, quelle que soit l’origine, les hommes ont plus de chances d’accéder aux 10 % des salaires les plus élevés. En ce qui concerne les salaires, l’analyse des écarts moyens sur la période 2003-2014 « suggère de fortes disparités entre secteurs, cependant variables selon le sexe et l’origine », pointe France Stratégie.Les écarts de salaires moyens sont très importants pour les femmes, particulièrement dans les secteurs de la construction et de l’industrie (ils sont un peu plus faibles dans les services marchands et dans le secteur public). « Les écarts entre catégories masculines (natifs des DOM ou originaires du continent africain) sont au contraire plus élevés dans le secteur public, à un niveau qui reste toutefois inférieur à celui des catégories féminines. » Autre constat : « Lorsqu’on distingue les salariés selon la taille des entreprises dans lesquelles ils sont employés, il ressort que les écarts inexpliqués de salaire varient peu parmi les femmes sans ascendance migratoire. En revanche, pour les personnes originaires du continent africain, hommes comme femmes, les écarts sont plus marqués dans les entreprises de petite taille. »

Injure au principe d’égalité

Au final, l’analyse de France Stratégie confirme l’importance des inégalités selon le sexe ou l’origine migratoire, sachant que « toutes choses égales par ailleurs, les hommes sans ascendance migratoire directe ont toujours plus de chances d’accès à l’emploi et de meilleurs salaires que les autres catégories étudiées », tandis que les femmes, quelle que soit leur origine, sont les plus pénalisées, devant les hommes natifs des DOM et les descendants d’immigrés d’Afrique (pour ces deux dernières catégories, les écarts sont équivalents). Les écarts liés à la résidence en ZUS existent, mais ils sont relativement faibles.

Par ailleurs, sur une période de 25 ans, France Stratégie « observe une forte réduction des écarts inexpliqués d’accès à l’emploi entre hommes et femmes », l’évolution pour les hommes originaires du continent africain ou résidant en ZUS étant « également positive, mais moins favorable sur une longue période, et partiellement remise en cause par la crise ». En revanche, pour les salaires, « les écarts persistent de manière frappante ».

Si ces constats ne fournissent « pas la preuve que ces catégories subissent des discriminations, [ils portent] une forte présomption de discriminations selon le sexe ou l’origine », écrivent les auteurs de la note. Et si elles « sont d’abord une injure au principe d’égalité », ces discriminations « posent ensuite un problème social, d’autant plus marquant qu’une partie de la population concernée est pénalisée dans l’accès à l’emploi ou subit les conséquences d’emplois de moindre qualité ». Raison pour laquelle « l’effort public pour l’égalité ne doit donc pas se relâcher ».

Notes

(1) « Marché du travail : un long chemin vers l’égalité » – Note d’analyse de France Stratégie n° 42 – Février 2016.

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