Contexte gérontophobe

Quand on évoque la maltraitance dont les personnes âgées peuvent être victimes, on pense presque automatiquement aux mauvais traitements perpétrés en établissement. C’est précisément pourquoi Yannick Sauveur, ancien directeur de maison de retraite, dénonce leur hypermédiatisation. Ces faits, bien sûr, existent et sont condamnés par l’auteur, mais ce dernier veut surtout attirer l’attention sur les causes de la maltraitance à l’encontre des aînés, où qu’elle se produise – c’est-à-dire aussi à domicile et en famille. C’est « le contexte culturel gérontophobe, le jeunisme et son corollaire l’âgisme » qui sont ici particulièrement incriminés. Yannick Sauveur revient ainsi longuement sur les représentations négatives de la vieillesse, voire le mépris à l’égard des « vieux », désignation d’ailleurs bannie du langage administratif depuis 1985, au profit de celle de « personnes âgées ». Au-delà du climat dévalorisant qui entoure le grand âge – et, par contagion, les métiers qui s’y consacrent –, ce sont les maltraitances institutionnelles résultant du manque de moyens humains et matériels des établissements et services qui sont pointées. A cet égard, une large place est laissée à des témoignages de responsables d’institutions pour personnes âgées, qui dénoncent les carences directes ou indirectes de l’Etat et des autorités de contrôle que sont les ARS (agences régionales de santé) et les conseils départementaux. « Les ratios de personnel dans certains établissements, c’est de la maltraitance programmée », s’insurge un médecin du travail qui exerce auprès de professionnels de maisons de retraite.