En février 2015, à l’âge de 43 ans, Isabelle Chabbert a pris la direction générale de l’APEAJ (Association pour l’éducation et l’apprentissage des jeunes), à Toulouse. Des responsabilités importantes pour une femme arrivée dans le secteur médico-social seulement neuf ans auparavant. « C’est un profil atypique, avec une bonne capacité à s’adapter et une expérience qui lui permettra de dépasser les embûches d’un nouveau poste où il faut gérer beaucoup de problèmes », affirme Olivier Pierrot, directeur général de l’Adapei des Hautes-Pyrénées, qui a connu Isabelle Chabbert alors qu’elle était à la tête d’un des 18 EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) du groupe Promo Accueil (devenu Edenis) dont il était le directeur d’exploitation.
Pour autant, la jeune femme n’est pas nouvelle dans le monde associatif. Elle a commencé très jeune à s’occuper de personnes âgées et d’enfants – en proposant des animations dans un club du troisième âge ou en faisant du babysitting. Cet engagement n’a jamais cessé, même durant ses études à l’école de commerce de Montpellier et son premier emploi dans le marketing chez un géant de l’agroalimentaire. « Je me disais qu’un jour je ferai de mon activité bénévole mon travail », se souvient-elle. Mais pour la faire basculer, il faudra un terrible accident de voiture en 1999, qui la laisse « cassée des pieds à la tête ». Durant ses quatre mois d’hospitalisation et de rééducation, elle découvre la dépendance et le monde du handicap physique. « Cette année d’arrêt m’a permis de me reconstruire dans tous les sens du terme, reconnaît-elle. Lorsque j’ai repris le travail, j’avais changé. J’ai donc décidé de mettre mes ressources au service des autres de façon plus directe. » Un bilan de compétences l’oriente vers le secteur médico-social. De 2005 à 2006, elle profite d’un CIF (congé individuel de formation) pour effectuer un master en gestion des entreprises sociales et de santé, suivi d’un stage de neuf mois dans une association pour adultes en situation de handicap mental. Pour son premier poste, elle assure la direction de l’EHPAD L’Auta, à Portet-sur-Garonne (Haute-Garonne), une expérience de sept ans qu’elle décrit comme « une aventure humaine extraordinaire ». « J’y suis arrivée avant le renouvellement de la convention tripartite avec la DDASS [direction départementale des affaires sanitaires et sociales] et le conseil général, ce qui m’a permis de coconstruire un projet pour les personnes accueillies avec une démarche collaborative, dans une dynamique de lien avec les familles et les partenaires », explique-t-elle. Christine Lachner, cadre infirmière, qui l’a côtoyée durant cette période, témoigne de l’affection que lui portaient résidents et professionnels. « C’est le manager dont on rêve !, lance-t-elle. Quelqu’un d’attentionné à l’égard du personnel, respectueuse, ouverte, juste, avec une énergie incroyable et une capacité à motiver les équipes autour d’un projet. » Olivier Pierrot, quant à lui, est convaincu que « ses méthodes modernes de management, à base de participation, de travail par objectifs et de transversalité », peuvent faire des merveilles dans un secteur souvent en retard dans ce domaine.
Son nouveau poste lui donnera l’occasion de les mettre en œuvre. Actuellement, l’APEAJ accueille plus de 200 enfants et adolescents au sein de deux IME (instituts médico-éducatifs) – l’un pour les 3-7 ans, l’autre pour les 11-20 ans – et de deux ITEP (instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques). Or l’association mène de front plusieurs évolutions : la fusion des deux IME, le rapprochement des ITEP, l’ouverture dans un nouveau bâtiment d’un centre de formation plus ambitieux que le précédent et le déploiement d’un nouveau système d’information intégré. « L’envergure des projets est très stimulante, souligne-t-elle, mais entraîne une complexité qui peut aussi être facteur de stress, d’angoisses et de résistance dans les équipes. » Pour maintenir le cap tout en restant zen, cette grande bosseuse pratique le vélo, la natation, le yoga et la méditation.