De l’autre côté des barreaux

Enfant des foyers, militaire, mercenaire, braqueur, taulard, bénévole : Claude, 76 ans, a eu cent vies. La plus longue – un quart de siècle –, il l’a passée derrière les barreaux, après avoir connu l’ivresse de l’aventure, du voyage et du grand banditisme. De ces vingt-cinq années dans pas moins d’une quinzaine de prisons françaises – tellement nombreuses qu’il n’arrive plus à les nommer –, Claude tire une force singulière. Recueillie par deux journalistes de France Culture dans le cadre d’une courte série sur le thème « La prison et après », sa parole dit la solitude et l’arbitraire, l’insalubrité et l’infantilisation, le corps incarcéré et l’esprit vagabond, le temps qui s’étire, s’étiole et s’arrête. Il évoque la difficile adaptation à la liberté et aux relations sociales depuis son retour à la vie « libre » en 2011, la redécouverte du plaisir de la nourriture et de se mettre à table, les séquelles physiologiques… Bénévole au Secours catholique, Claude donne à présent son temps à des projets de réinsertion de détenus.

Les femmes hébergées au centre d’hébergement et de réinsertion sociale Soleillet de l’association Aurore (voir photo ci-contre), bâtiment discret de deux étages dans une petite rue calme du XX^e arrondissement de Paris, doivent, elles aussi, réapprendre à disposer de leur temps, après des années derrière les barreaux. Elles font l’objet d’un reportage passionnant, au cœur de ce foyer qui héberge 12 résidentes de 18 à 60 ans, ayant fait de un mois à dix ans de prison. Sous couvert d’anonymat, elles racontent leurs parcours. Les professionnels, Carine Saussez, éducatrice spécialisée, Pierre Labory, assistant de service social, Valérie Caulliez, chef de service, et Virginie Dubois de Prisque, intervenante en prison, expliquent à leur tour le fonctionnement de cette structure originale.