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« L’approche du “logement d’abord” favorise l’accès aux droits »

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L’Agence nouvelle des solidarités actives (ANSA) devait, le 4 février, lors d’une journée d’échanges de la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), présenter une évaluation des dispositifs lauréats en 2013 de l’appel à projets sur l’innovation sociale lancé par cette dernière(1). Explications de Ben Rickey, responsable de projet à l’ANSA.
Pourquoi avoir mené cette évaluation ?

En collaboration avec la DIHAL, nous avons décidé de mener une évaluation des dispositifs lauréats en 2013, pour lesquels nous avions le plus de recul. Sur les 20 concernés(2), nous avons pu en évaluer 16, avec les porteurs de projets, dans l’objectif de comprendre leurs effets en termes d’accès et de maintien dans le logement, d’accès aux droits et d’insertion professionnelle, avec une question structurante : est-ce que le principe du « logement d’abord » peut s’appliquer à tous les publics sans domicile(3) ? L’échantillon concerne 218 bénéficiaires répartis en quatre « publics cibles » : les sortants de prison, les jeunes en errance, les grands exclus qui présentent notamment des troubles de la santé mentale et les femmes victimes de violence. Malgré un nombre limité de bénéficiaires pour chacun d’entre eux, l’évaluation apporte des réponses sur la pertinence des modèles expérimentés, leurs atouts, leurs limites et leurs axes de développement.

Quels sont les points communs et les différences des projets évalués ?

L’accompagnement individuel, à domicile, la pluridisciplinarité, la coordination des actions, notamment avec le secteur sanitaire, et l’« aller vers » constituent un socle commun, de même que l’adhésion au projet. Les trois quarts des projets innovants reposent sur de l’accompagnement direct vers le logement, tandis qu’un autre quart s’appuie sur un renforcement des 115 et des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO), avec parfois un passage par l’hébergement – pour les sorties de prison, par exemple. La logique commune est de prendre les personnes dans la situation où elles se trouvent et de se projeter avec elles dans la durée, en adaptant les dispositifs à leurs besoins au lieu de leur poser des exigences.

Quels sont les facteurs de réussite ?

Plus le projet vise l’accès direct au logement, plus on réussit l’accès et le maintien dans celui-ci – c’est le cas pour la vaste majorité des bénéficiaires –, grâce à la mobilisation d’aides pour solvabiliser les ménages, à la sécurisation du bailleur, le plus souvent dans le cadre de l’intermédiation locative, et à un accompagnement de qualité. Quand les SIAO restent au cœur de l’intervention, ils se heurtent au manque d’offres de logements ordinaires adaptés. Dans les actions évaluées, les deux publics qui accèdent le moins facilement au logement ordinaire sont les sortants de prison et les femmes victimes de violence, à qui il est souvent proposé une solution transitoire d’hébergement. Nous avons un recul de 13 mois d’accompagnement en moyenne, mais nous pouvons déjà conclure que l’approche du « logement d’abord » lève les freins à l’accès au logement pour tous les publics et favorise l’accès aux droits. L’effet est notable pour l’insertion professionnelle des jeunes en errance.

Quelles sont vos préconisations ?

L’ANSA propose de renforcer certains projets, afin qu’ils fassent l’objet d’une évaluation scientifique, et formule des préconisations spécifiques. Pour les projets de type « SIAO renforcé », une meilleure mobilisation du contingent préfectoral ou de l’intermédiation locative. Pour les publics sortant de prison, nous suggérons d’expérimenter les « CHRS glissants en diffus », qui peuvent évoluer vers une sous-location ou une location quand la situation de la personne le permet. Des projets méritent d’essaimer dans d’autres territoires : nous souhaiterions que soit développée l’approche qui cible les auteurs de violences conjugales et permet le maintien à domicile des femmes accompagnées. L’approche du « logement d’abord » fonctionne dès lors que l’on met les moyens au bon endroit – elle se révèle, selon notre évaluation, moins coûteuse qu’une place en CHRS –, ce qui pose la question de la réorientation des dispositifs, de l’accès au logement social et très social, sachant que quatre bénéficiaires accompagnés sur cinq restent sous le seuil de pauvreté. Tout l’enjeu de l’évaluation est de permettre un changement d’échelle, en outillant les acteurs nationaux et locaux.

Notes

(1) Rapport disponible sur www.solidarites-actives.com.

(2) Entre 2013 et 2015, 50 projets ont été financés dans près de 30 départements.

(3) Est actuellement expérimenté le programme « Un chez soi d’abord », pour les personnes sans abri atteintes de troubles mentaux sévères – Voir ce numéro, p. 7.

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