« Jeunes non qualifiés », « décrocheurs », « sortants précoces »… Dotés d’appellations diverses, plusieurs milliers de jeunes arrêtent leurs études chaque année sans avoir achevé un cycle complet de CAP ou de BEP et sans avoir eu accès à une classe de seconde. Pour pallier leurs difficultés d’insertion, différents dispositifs ont été instaurés au fil des années, qui préparent les intéressés à l’entrée en formation qualifiante ou à l’emploi. Quatre modalités d’actions de remobilisation et d’orientation de ce type – parmi lesquelles une école de la deuxième chance et un établissement public d’insertion de la Défense (EPIDE) – sont au cœur de l’enquête et des analyses présentées dans cet ouvrage collectif coordonné par les sociologues Benjamin Denecheau, Gérald Houdeville et Caroline Mazaud. Remise à niveau des savoirs scolaires fondamentaux, construction d’un projet professionnel réaliste et levée des freins personnels à l’embauche – notamment en termes d’acquisition des codes qui régissent la société salariale (respect des horaires, de la hiérarchie, du matériel, etc.) – : pour remplir ces trois objectifs qui leur sont communs, et dont l’atteinte conditionne le renouvellement de leurs financements, les organismes étudiés sélectionnent soigneusement les candidats à l’entrée. « Il en résulte, ainsi, une double “peine” pour les jeunes les plus démunis ou les plus distants du mode de socialisation attendu » : ils risquent davantage de ne pas être pris, ou bien d’être éconduits lors de la période probatoire, pointent les chercheurs Pierre-Yves Bernard, Mary David, Benjamin Denecheau et Valérie Gosseaume.
A l’école de l’autonomie. Epreuves et enjeux des dispositifs de deuxième chance
Sous la direction de Benjamin Denecheau, Gérald Houdeville et Caroline Mazaud – Ed. L’Harmattan – 28 €