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Inquiétudes sur la mort annoncée de l’Institut de formation en travail social de l’AP-HP

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L’annonce a été vécue comme très brutale. A la mi-novembre, les étudiants et les salariés de l’Institut de formation en travail social (IFTS) Annette-Grumbach de la Pitié-Salpêtrière, géré par l’AP-HP (Assistance publique-hôpitaux de Paris), ont appris que leur école, qui forme au métier d’assistant de service social, fermerait en 2018. Le temps pour les étudiants entrés cette année de terminer leur cursus, l’établissement n’organisant plus de concours. Parmi les raisons invoquées : un déficit budgétaire, qui s’élèverait, selon les chiffres communiqués aux instances du personnel, à 119 000 € pour la formation initiale et au même montant pour la formation continue, sur un déficit global du Centre de la formation et du développement des compétences (CFDC) de l’AP-HP s’élevant à 4 millions d’euros.

La direction de l’AP-HP confirme cette décision : « Dans une région où l’offre de formation dans ce domaine est très importante, [elle] a constaté une baisse d’attractivité (notamment pour la formation initiale) pour l’IFTS Annette-Grumbach », qu’elle qualifie de « réelle malgré les campagnes d’information et les sessions de concours organisées chaque année ». Elle indique, sans autre précision, que « l’AP-HP continuera, en revanche, à assurer des activités de formation continue et de développement des compétences répondant aux besoins de la population des travailleurs sociaux dont les contours vont être prochainement définis et précisés ».

Les difficultés à recruter en formation initiale sont contestées par l’intersyndicale du CFDC, qui pointe que « les effectifs globaux sur les trois promotions sont constants, d’une centaine d’étudiants depuis des années ». Alors que la direction du CFDC, qui n’a pas répondu aux sollicitations des ASH, argue aussi, selon l’intersyndicale, du manque de compatibilité d’une école monofilière avec la réforme des diplômes, cette dernière indique qu’il existait un projet « d’ouverture d’une filière éducateur de jeunes enfants », qui du coup tombe à l’eau. De même que le projet d’installation de l’IFTS au sein d’un « campus » aménagé sur le site de l’hôpital Rothschild.

Dans une pétition contre la fermeture de l’IFTS (et de l’institut de formation de techniciens de laboratoire médical, également voué à disparaître), l’intersyndicale s’insurge contre la disparition de « l’une des rares écoles publiques » en travail social de la région parisienne, dont les résultats au diplôme d’Etat « sont toujours au-dessus de la moyenne régionale » et dont le sort « questionne la place et le devenir du travail social à l’AP-HP ». La diminution du nombre d’étudiants en promotion professionnelle, c’est-à-dire des personnels hospitaliers en reconversion pour devenir assistants de service social, est, selon Nathalie Hocdé, responsable de la formation continue à l’IFTS et membre du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) du CFDC de l’AP-HP, un mauvais signal : « Il est de plus en plus compliqué, par exemple pour un aide-soignant, de se faire financer la formation », indique-t-elle.

Ce contexte plonge les salariés (une dizaine de personnes dont sept formatrices, auxquelles s’ajoutent une quinzaine d’intervenants extérieurs) dans le désarroi. « Certains pourront être reclassés sur des postes socio-éducatifs dans les groupes hospitaliers, c’est-à-dire sur des fonctions totalement différentes », selon Nathalie Hocdé. Le CHSCT a déposé « un avis de danger grave et imminent ». Assistant social élu SUD Santé à la commission paritaire de l’AP-HP, Jean-François Pichery pointe le risque d’un tarissement du vivier de professionnels : « Une grande partie des assistants sociaux de l’AP-HP ont été formés par l’IFTS, c’est notre école, on ne veut pas qu’elle disparaisse !, lance-t-il. C’est la dernière école qui forme à une culture hospitalière, sa fermeture posera aussi un problème en matière de réflexion sur la profession. »

Le 19 janvier, quelques dizaines d’étudiants, salariés de l’IFTS, personnels hospitaliers et représentants du personnel ont tenu une assemblée générale, au lendemain de la rencontre des représentants de SUD et d’une porte-parole du collectif « IFTS » (« Il faudra toujours du social ») avec Martin Hirsch, le directeur général de l’AP-HP. « Nous n’avons pas eu les réponses que l’on souhaitait, à aucun moment il n’a été évoqué la possibilité de sauver l’école, rapporte Lina Gil, étudiante en deuxième année et porte-parole du collectif. La seule nouveauté qui nous a été présentée est un partenariat envisagé avec l’IRTS de Montrouge pour la formation continue et la promotion professionnelle, sans que ce projet semble encore construit. » Le collectif compte amplifier la mobilisation. En attendant, tandis que la direction de l’AP-HP assure que « les étudiants engagés aujourd’hui dans la formation seront bien évidemment accompagnés jusqu’à l’obtention du diplôme », le collectif s’inquiète « des conditions d’études dégradées » depuis l’annonce de la fermeture de l’établissement, pointe Lina Gil. Pour cause de changement d’exécutif à la suite des élections régionales, le conseil régional d’Ile-de-France n’a pas répondu aux ASH sur la question des subventions attribuées. La directrice de l’IFTS a pour sa part indiqué qu’elle ne pouvait s’exprimer.

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